Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vingt-deux diacres, huit sont nommés régens de la maison des orphelins. On leur adjoint six dames régentes, choisies par le consistoire de l’église protestante. Leurs fonctions consistent à surveiller l’établissement. Nous avons assisté à l’un des conseils qui se tiennent tous les vendredis dans une des salles de la maison ; les régens vérifient les recettes, ordonnancent les dépenses, dirigent en un mot tout le mouvement administratif et moral de l’œuvre. Ils sont responsables de leurs actes devant le consistoire, et de plus ils soumettent les questions délicates à l’assemblée générale des diacres, qui se réunit toutes les trois semaines. Ces fonctions sont gratuites ; il n’y a de rétribué que le personnel de la maison.

Jusqu’à l’année 1855, la diaconie calviniste recevait un subside de l’état. Ce subside était de 36,000 francs par an. La diaconie refuse aujourd’hui ce secours pour rester indépendante, et elle n’a point à se repentir de sa liberté ; les ressources se sont élevées depuis que la direction a refusé le subside de l’état. Le capital de l’établissement s’accroît de temps en temps par des dons volontaires, par des legs. Ses revenus s’alimentent des quêtes qui se font à certains jours dans les églises. Tous les dimanches, des troncs parcourent la ville et sont portés à domicile par les orphelins. Les fournisseurs de l’établissement, payés tous les mois, déposent aussi dans une boîte l’obole de la charité. C’est avec ces diverses ressources que l’établissement entretient trois cent soixante-dix-huit enfans des deux sexes. Ces enfans ne sont pas tous orphelins ni orphelines : quelques-uns d’entre eux n’ont perdu que leur père ou leur mère ; d’autres ont encore leurs parens, mais ces parens sont incapables de subvenir aux besoins de leur famille. Ils sont d’ailleurs tous confondus, sous le même costume, dans un système de protection unique. Quand il s’agit de recevoir un enfant nouveau dans la maison, les faits sont examinés par une commission d’enquête, composée du diacre du quartier où habite l’enfant, d’un régent et de l’avocat. Cette commission soumet son rapport à l’assemblée de tous les diacres réunis, qui prononce sur l’admission. Chaque élève coûte à peu près à l’établissement 180 francs par année pour l’alimentation et l’habillement. Les enfans ne sont néanmoins pas tous à la charge de l’administration diaconale : il y a une catégorie d’orphelins et d’orphelines que la maison reçoit au compte de la ville ou de certains particuliers. Le taux de la pension est en ce cas de 200 fr. Les enfans que l’état adopte sont ceux dont les parens ne sont point attachés à une des communions religieuses de l’église protestante[1].

  1. On devient membre d’une des sections de l’église protestante après avoir fait profession de foi et avoir demandé à être inscrit sur le registre de la communauté. Cette profession de foi est accompagnée d’un examen : il faut être en état de lire la Bible et de comprendre l’histoire de la réformation.