Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

titres de rente, d’actions de canaux, d’obligations de la ville de Paris, ou un récépissé de marchandises existant dans les magasins généraux; elle fait des avances sur lingots d’or et d’argent; elle escompte les bons du trésor, les obligations de la ville de Paris remboursables dans le délai de six mois; elle prête sur dépôts de titres de rente, d’actions des canaux, d’obligations de la ville de Paris, d’actions et obligations de chemins de fer.

Comme banque de dépôt, elle reçoit en compte courant les sommes qui lui sont versées par le trésor ou par les particuliers à la charge d’acquitter les dispositions faites sur elle par les auteurs de ces dépôts jusqu’à concurrence des sommes qu’ils ont portées dans sa caisse ; elle se charge d’opérer, pour le compte des particuliers et des établissemens publics, le recouvrement des effets qui lui sont remis ; elle tient une caisse pour dépôts volontaires de tous titres, d’effets publics nationaux et étrangers, actions, billets ou engagemens à ordre ou au porteur, lettres de change, contrats de toute espèce, lingots, monnaies d’or et d’argent nationales et étrangères, et diamans moyennant un droit de garde qui ne peut excéder 18 pour 100 pour chaque période de six mois.

Comme banque de circulation, elle émet des billets payables à vue et au porteur, dont la plus petite coupure ne peut être inférieure à 100 francs, et des billets à ordre transmissibles par voie d’endossement.

Telles sont dans la pratique les opérations qui correspondent aux trois fonctions fondamentales de la Banque de France, l’escompte, le dépôt et la circulation. L’escompte des effets de commerce est la principale de ces fonctions, celle à laquelle se rapportent les deux autres. Pour apprécier la nature et l’étendue de l’influence que la Banque peut et doit exercer par l’escompte sur l’activité du commerce et de l’industrie, qu’on nous permette de décrire, à l’aide des données élémentaires, l’ingénieux et fécond mécanisme du crédit commercial.

Dans l’enfance du commerce, le producteur ou le négociant qui avait converti son capital en une marchandise ne pouvait recouvrer la disponibilité de son capital et l’employer de nouveau dans une opération semblable avant que la marchandise ne fût absorbée par la consommation, et que la valeur ne lui en revînt sous forme de numéraire. Dans de pareilles conditions, le développement du travail et des échanges était nécessairement assujetti à des interruptions et à des lenteurs ruineuses. L’invention des Juifs et des Lombards du moyen âge, l’effet de commerce (billet à ordre ou lettre de change), débarrassa le travail et la circulation des produits de cette lourde entrave. Le producteur eut dans l’effet de commerce