Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/495

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la civilisation générale, les lois qui ont fait participer plus réellement l’Écosse au gouvernement parlementaire, l’établissement des chemins de fer, ces fléaux de toute diversité locale, la prépondérance croissante de la métropole, peut-être aussi quelques causes morales qu’il serait plus difficile d’apprécier, ont contribué à diminuer l’intensité du mouvement intellectuel dont Édimbourg était le siège. Il y a toujours d’excellentes universités en Écosse. Elles sont toujours richement pourvues de moyens d’instruction, et les chaires se sont multipliées, ainsi que les bibliothèques, les musées, les collections scientifiques. Lorsqu’on se promène dans l’Athènes du nord, des monumens nombreux, ceux surtout qui s’élèvent en pleine cité, à la mémoire de Scott, de Stewart, de Playfair, rappellent à chaque instant qu’on marche sur une terre de savoir et d’intelligence, et la presse locale n’est pas devenue oisive. On peut encore rencontrer parmi les avocats, les médecins, les professeurs qui composent l’aristocratie d’Édimbourg, toutes les ressources morales d’une société d’élite ; mais le mouvement est ralenti, l’éclat est affaibli, et les yeux de l’Angleterre ne se tournent plus de ce côté pour chercher une école originale dont on soit fier d’avoir entendu les leçons. Tout n’est pas dommage dans cette situation nouvelle. Elle peut venir en partie de ce que l’esprit que représentait Édimbourg il y a cinquante ans s’est généralisé. La Revue d’Édimbourg a gagné sa cause, et la glorieuse popularité du talent de Macaulay appartient à toute la Grande-Bretagne.


V

Sir William Hamilton est du petit nombre des hommes supérieurs qui n’ont pas cessé d’être tout écossais. Il occupe encore la chaire de logique et de métaphysique pour laquelle il a quitté en 1836 celle d’histoire générale, et dont il a fait la vraie chaire de philosophie de l’université. C’est de lui qu’il nous reste à parler.

L’enseignement philosophique n’est point abandonné d’ailleurs. À Édimbourg, auprès de sir William Hamilton, M. Mac-Dougal occupe la chaire de philosophie morale illustrée par Ferguson, Stewart, Brown et Wilson. À Aberdeen, la même chaire est remplie par M. Hercules Scott, et M. William Martin est chargé du cours du collège Marischal. À Glasgow, c’est à M. William Fleming que cet enseignement est confié, et M. Robert Buchanan professe la logique avec la rhétorique. À l’université de Saint-André, au collège du Saint-Sauveur, dont sir David Brewster est principal, M. W. Spalding est professeur de logique, de rhétorique et de métaphysique, et M. Ferrier, de philosophie morale et d’économie politique. Il paraît assez souvent en Écosse des ouvrages qui prouvent que la science n’est pas