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lesquelles il compte, et au moyen des fonds qui lui sont confiés momentanément, et qui forment ce que l’on appelle la dette flottante. Dans ce cas, l’état agit sur des données et à des conditions analogues à celles du crédit commercial. S’il a des besoins extraordinaires pour lesquels ses ressources ordinaires seraient insuffisantes, il ne peut y faire face qu’en empruntant, c’est-à-dire en aliénant, en échange du capital qui lui est nécessaire, une portion de son revenu. Le propriétaire foncier est dans une position semblable : si la somme dont il a besoin est égale à la valeur de sa propriété, il n’a qu’à vendre celle-ci ; mais si cette somme est à la fois inférieure à la valeur de sa propriété et supérieure à son revenu annuel, il peut, s’il ne veut pas vendre sa propriété, emprunter cette somme en aliénant une portion de son revenu. Remarquons aussi que les capitaux qui se prêtent ainsi à l’état et à la propriété foncière proviennent de la même source que les capitaux qui alimentent la commandite : ils sont de la classe de ceux qui forment et tendent à grossir le capital fixe, seulement les prêts ne sont point comme la commandite doués par eux-mêmes de fécondité. La commandite donne en effet aux capitaux qu’elle réunit un emploi producteur déterminé par la nature de l’industrie à laquelle elle les applique. Le prêt laisse au contraire à l’état ou au propriétaire la libre disposition des capitaux qu’il leur fournit. Il sera fécond si l’état l’applique à des dépenses reproductives, par exemple à de grands travaux destinés à développer le commerce et l’industrie, si le propriétaire l’applique avec économie et intelligence à l’amélioration de sa propriété. Dans ce cas, l’état trouvera dans l’augmentation de la richesse publique, le propriétaire dans l’augmentation de son revenu, la compensation des charges qu’ils auront contractées en empruntant. Si au contraire l’état applique les ressources de l’emprunt à des dépenses improductives, telles que la guerre ou des constructions de luxe, dans le genre de celles que Colbert entreprit en gémissant pour rivaliser avec Louvois auprès de Louis XIV ; si le propriétaire les applique à la satisfaction de ses goûts personnels ou a l’acquittement de dettes antérieures, — le capital prêté, au lieu de concourir à un accroissement de production, sera consommé stérilement : le prêt, au point de vue économique, le seul qui nous préoccupe ici, n’aura abouti qu’à une destruction de capital.

Mais il y a une autre application du prêt sur laquelle nous devons nous arrêter spécialement, car on s’est efforcé, depuis quelques années, d’y faire concourir le mécanisme et les ressources du crédit commercial ; nous voulons parler du prêt sur titres de rentes et actions et obligations de chemins de fer.

Les emprunts et les constitutions de rentes perpétuelles par l’état