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favorables que ne peuvent manquer d’inspirer l’objet pour lequel la société générale de Crédit mobilier a été créée, le mérite personnel de ses fondateurs et l’élévation habituelle de leurs vues financières. Il nous est impossible d’oublier que nous sommes ici en présence d’un établissement qui s’est donné la mission généreuse et progressive de diriger et d’appliquer les ressources du capital français au profit du travail, en présence d’hommes qui ont marqué leur carrière non-seulement par une rare sagacité et une activité infatigable, mais par des services éminens rendus au développement de l’industrie nationale ; enfin, et ce ne serait pas le moindre titre du Crédit mobilier à notre considération, en présence, non d’une de ces combinaisons empiriques qui naissent de la routine des affaires, mais d’une conception économique qui, depuis le jour où la théorie en fut exposée, a mis trente ans à faire dans la pratique une apparition si éclatante. C’est donc avec l’intérêt le plus attentif que nous avons étudié le système, le mécanisme et les opérations de la société de Crédit mobilier, et si nous nous hasardons à exprimer les doutes que l’étude de cette institution de crédit a laissés dans notre esprit, nous espérons que nos objections ne seront attribuées qu’à des dissentimens de doctrine, que nous ne serons pas accusé de témérité pour opposer à des autorités financières supérieures à la nôtre l’autorité, plus puissante encore sur nous, des principes économiques, et que l’on ne nous fera point l’injure de nous confondre avec ceux à qui le succès ne sait inspirer que d’aveugles complaisances ou de querelleuses jalousies.

Il y a deux choses à considérer dans la société générale de Crédit mobilier : ce qu’elle a voulu être dans la pensée de ses fondateurs et ce qu’elle a été depuis son existence, l’objet qu’elle s’est proposé et l’action à laquelle les circonstances l’ont restreinte jusqu’à pré : -sent, sa théorie et sa pratique.

Nous commencerons par l’examen et la discussion du but théorique que s’est assigné la société générale de Crédit mobilier. Deux documens font pleinement connaître l’objet que ses fondateurs ont donné à cette institution. Ce sont les statuts de la société et le premier rapport présenté à l’assemblée des actionnaires, au nom du conseil d’administration, par M. Isaac Pereire.

Le préambule des statuts exprime ainsi la pensée des fondateurs, « lesquels ont dit (nous reproduisons textuellement la rubrique) que considérant les services importans que pourrait rendre l’établissement d’une société ayant pour but de favoriser le développement de l’industrie des travaux publics, et d’opérer par voie de consolidation en un fonds commun la conversion des titres particuliers d’entreprises diverses, ils ont résolu de réaliser une œuvre si utile,