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contre d’autres valeurs. » Elle prête « sur effets publics, sur dépôts d’actions et obligations, et elle ouvre des crédits en compte courant sur ces diverses valeurs. » Elle offre aux sociétés anonymes tous les services ordinaires qui rentrent dans les attributions des banquiers : « opérer tous recouvremens pour le compte des compagnies sus-énoncées, payer leurs coupons d’intérêt ou de dividende et généralement toutes autres dispositions. » Enfin comme la Banque et le Comptoir d’escompte, elle tient « une caisse de dépôts pour tous les titres de ces entreprises. » Seulement, dans les opérations consacrées au commerce des valeurs, une limite dont nous aurons lieu plus tard de faire comprendre l’importance et peut-être l’insuffisance ; est posée à la société : « Il est expressément entendu que la société ne fera jamais de ventes à découvert, ni d’achats à primes. »

Un autre document émané du conseil d’administration du Crédit mobilier, le rapport présenté à l’assemblée générale des actionnaires du 29 avril 1854, développe avec étendue la pensée qui a présidé à la création de cette société. « Si l’on veut, dit ce rapport, se rendre compte des fonctions de la société générale, il faut l’envisager sous plusieurs aspects ; elle est à la fois : 1° société commanditaire de l’industrie, 2° société financière, 3° banque de placement, de prêt et d’emprunt, 4° banque d’émission. » On doit pressentir que cette classification du rapport de M. Isaac Pereire se confond en réalité avec celle que nous avons trouvée dans les statuts. Il faut étudier la société de Crédit mobilier comme organe du crédit commanditaire et comme banque autorisée à émettre des obligations ; il restera ensuite à examiner l’action qu’elle peut exercer sur le commerce des valeurs et enfin à exposer l’ensemble de ses opérations depuis son origine. Telles sont les divisions que nous suivrons dans cette étude ; nous nous proposons aujourd’hui de remplir les deux premières.


II

La principale fonction de la société de Crédit mobilier est la commandite des entreprises dont l’exécution réclame l’association des capitaux. « Elle joue, dit le rapport de M. Isaac Pereire, à l’égard des valeurs représentant le capital de l’industrie, un rôle analogue aux fonctions que remplissent les banques d’escompte pour les valeurs représentant ce que l’on appelle le fonds de roulement. Le premier devoir de notre société, ajoute le rapport, est de travailler au développement de l’industrie nationale, de faciliter la formation des grandes entreprises, qui, livrées à elles-mêmes, ont généralement tant de peine à se constituer. Sa mission, sous ce rapport, sera d’autant plus facile qu’elle dispose de nombreux moyens d’information