Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 3.djvu/628

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou dans l’autre les intérêts particuliers adonnés à ce commerce, par l’espérance d’un bénéfice, espérance fondée sur les élémens d’appréciation qu’il possède, et servie par les ressources dont il dispose et l’habileté nécessaire pour se mouvoir à travers les combinaisons usitées à la Bourse. Mais faudrait-il reconnaître le caractère d’un établissement public dans une maison de banque que l’on verrait, remorquant la spéculation ou remorquée par elle, appliquée à recueillir des différences suivant les variations prévues des cours des valeurs ? Ce n’est point nous qui oserions l’affirmer.


V

Il serait difficile de rendre un compte précis et détaillé des opérations de la société générale de Crédit mobilier pendant les trois années qui se sont écoulées depuis sa fondation. Les documens publiés par la société ne contiennent point à cet égard des données suffisantes. Ces documens sont les trois rapports présentés en assemblée générale par M. Isaac Pereire le 29 avril 1854, le 30 avril 1855 et le 23 avril 1856. Ils ne font guère connaître que les résultats généraux des opérations. Ils ne fournissent point sur la nature spéciale de ces opérations des renseignemens complets, tels que ceux que l’on est habitué à rencontrer dans les comptes rendus annuels de la Banque et du Comptoir d’escompte. Pour donner une idée de la lacune dont nous nous plaignons, ne serait-il pas intéressant, si l’on voulait bien saisir l’étendue et la portée des opérations commanditaires de la société, de voir récapitulées en un tableau les sommes que la société aurait engagées dans ces opérations et celles qu’elles en aurait dégagées dans le cours de l’année. De même, pour les opérations qui concernent la vente et l’achat des valeurs, on désirerait pouvoir suivre dans un tableau spécial les entrées et les sorties du portefeuille du Crédit mobilier ; d’autres tableaux qui indiqueraient les sommes affectées aux reports dans l’ordre des liquidations, les mouvemens des comptes courans, etc., permettraient d’apprécier complètement la marche et de juger exactement la situation de la société. Les informations de ce genre, dont la Banque et le Comptoir d’escompte sont si peu avares, manquent ici. Elles sont pourtant de celles qu’une société anonyme, en vertu et en échange du privilège dont elle jouit, doit strictement au public. Les opérations d’un établissement comme le Crédit mobilier, à cause de l’élément de spéculation qui peut s’y mêler, ont-elles besoin de mystère ? La bonne conduite en serait-elle quelquefois compromise même par des révélations rétrospectives ? C’est possible ; mais, d’un autre côté, la garantie que les sociétés anonymes doivent en retour de l’exemption