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propage de nouveau par œuf. Chez un petit némertien, que j’ai souvent trouvé aux environs de Paris, les choses se passent à peu près ainsi ; seulement la tête de l’individu fils se forme avant la séparation de celui-ci.

Il en est encore de même chez les myrianes et les syllis. Chez ces annélides, l’animal ainsi créé de toutes pièces germe et grandit entre le dernier et l’avant-dernier anneau du corps. On voit parfois chez les premières jusqu’à six individus placés bout à bout, et composant une sorte de chapelet dont le fil serait représenté par l’intestin qui passe de l’un à l’autre[1]. Dans les syllis, je n’ai jamais trouvé qu’un seul individu, mais en revanche il est chargé de fonctions bien importantes. C’est toujours lui, et lui seul, qui est mâle ou femelle ; le parent reste neutre. Pour en revenir à notre comparaison habituelle, on voit qu’ici l’œuf du papillon aurait produit une chenille unique, laquelle se diviserait spontanément pour engendrer de nouveaux individus, mais que ces derniers seraient tantôt d’autres chenilles semblables à la première, et dont au moins un certain nombre deviendraient tôt ou tard papillons, tantôt des papillons au grand complet, qui resteraient quelque temps enchaînés à leur mère, battant de l’aile pour s’échapper et n’y parvenant que plus tard.

Il nous reste peu de chose à dire de l’embranchement des mollusques. Aucun mollusque proprement dit ne présente le phénomène qui nous occupe. Dans le sous-embranchement des molluscoïdes, la généagénèse paraît être au contraire la règle générale. Tous ces animaux sont plus ou moins voisins soit des ascidies soit des biphores ; ils doivent se reproduire par des procédés analogues, et ce que nous savons de leur histoire justifie cette présomption.

Dans l’embranchement des rayonnes, la classe des échinodermes (oursins, holoturies, etc ), celle des acalèphes (orties de mer) et celle des polypes exigeraient chacune de longs développemens, si nous voulions faire connaître en détail les phénomènes si variés et parfois si complexes de leur reproduction. La généagénèse se montre ici à tous les degrés. En outre, comme dans bien d’autres cas, l’étude embryogénique, en nous révélant des merveilles inattendues, a éclairé d’un jour tout nouveau l’histoire de tous ces êtres et modifié sur bien des points les opinions reçues. Déjà nous avons parlé de l’hydre et des aurélies. Citons encore quelques faits à l’appui de cette assertion.

Parmi les polypes qui, sous la forme d’arbrisseaux ou de petites

  1. Mémoire sur l’Embryogénie des Annélides, par M. Milne Edwards, Annales des Sciences naturelles, 1845. Les lecteurs de la Revue connaissent déjà les curieux phénomènes que présente la reproduction des myrianes et des syllis. (On peut voir à ce sujet la livraison du 15 février 1846). Voyez aussi notre Mémoire sur la Génération alternante chez les Syllis. — Annales des Sciences naturelles, 1844.