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de ces officiers, le général Ros de Olano, excitait particulièrement les méfiances du duc de la Victoire, qui ne pouvait lui pardonner, à ce qu’on assure, d’avoir conservé des rapports avec le général Narvaez. Le ministre de la guerre avait jusqu’ici constamment endormi les soupçons du président du conseil, lorsque le duc de la Victoire a récemment réveillé cette question en réclamant la révocation du général Ros de Olano. Le ministre de la guerre n’a point voulu y consentir ; encore une fois on a été sur le point de rompre, et encore une fois tout a fini par une transaction. Le général Ros de Olano est passé simplement de la direction de l’infanterie à la direction de l’artillerie. Il a eu pour successeur le général Hoyos, et le général Serrano, précédemment directeur de l’artillerie, est devenu capitaine-général de Madrid. Au fond, c’est une étape de plus dans cette route semée de luttes intimes et de réconciliations éphémères, et pendant ce temps l’assemblée constituante, livrée à elle-même, discréditée dans l’opinion, mais attachée à son poste, vient de décider une prorogation de session qui lui permettra de revenir plus tard continuer l’œuvre parfaitement stérile qu’elle poursuit depuis longtemps déjà.

Le moment actuel est, à ce qu’il paraît, favorable aux crises ministérielles. À Lisbonne même, où un événement semblable n’avait point eu lieu depuis cinq ans, le cabinet vient de donner sa démission, qui a été acceptée par le roi. Jusqu’ici, les causes de cet incident restent un peu obscures. La retraite du ministère du duc de Saldanha se rattache évidemment aux projets financiers présentés il y a quelque temps par le gouvernement. Ces projets ont rencontré une opposition très vive et très décidée, surtout dans la chambre des pairs. Le cabinet a proposé au roi la création d’un certain nombre de nouveaux pairs ; dom Pedro a refusé d’accéder à cette proposition. De là la démission du ministère, qui a été remplacé au pouvoir par un nouveau cabinet, dont le président est le marquis de Loulé. Le roi est strictement resté dans les limites de la constitution, et peut-être n’a-t-il point oublié aussi comment le dernier cabinet s’était imposé à sa mère la reine dona Maria. Le duc de Saldanha, de son côté, n’est point sans avoir conçu quelque irritation de se voir dépossédé d’un pouvoir qu’il croyait garder jusqu’à sa mort. Le vieux maréchal en est déjà, dit-on, à faire sentir qu’il exerce quelque influence sur l’armée. Il peut en résulter pour le Portugal une situation nouvelle, où le jeune roi aura besoin de s’élever à la hauteur d’une politique supérieure aux petites combinaisons qui ont prévalu trop souvent jusqu’ici.

CH. DE MAZADE.


REVUE DRAMATIQUE

On n’a pas oublié le succès de Péril en la Demeure, dont la grâce et la délicatesse avaient réuni de si nombreux suffrages ; le succès que vient d’obtenir le Village est de nature à contenter l’ambition la plus exigeante. Toutes les parties de ce charmant ouvrage ont été écoutées avec une attention vigilante que les pièces de théâtre obtiennent rarement. M. Octave Feuillet, que le public a toujours traité avec tant de bienveillance, n’avait jamais rencontré un auditoire aussi sympathique. Les moindres nuances