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le remède héroïque d’un malaise qui ne pouvait plus se prolonger ? C’est ce que le moindre examen des ressources financières de l’Autriche démontre avec évidence, comme il peut fournir aussi pour l’avenir des indications plus utiles même à recueillir que cette explication du passé.

L’ouvrage sur les mesures propres à rétablir les rapports de l’argent et du crédit révèle chez l’auteur de grandes espérances et une louable ambition. « Les finances, y est-il dit, ne sont que les conditions matérielles de la réalisation des exigences morales que la mission d’une grande puissance lui impose sans cesse. La possibilité de réaliser à l’aidé dès unes ce que commandent les autres constitué la possibilité de conserver la situation qu’implique le rang de grande puissance. » Mettre par conséquent l’Autriche en état de soutenir le rang qui lui appartient dans le mouvement universel qui pousse l’Europe vers l’Orient, lui assurer dans de futures éventualités la liberté d’action qui sied à un puissant empire, telle est la tâche que se propose l’auteur de ce plan financier, et on conviendra qu’il n’est pas inutile, même après le traité de Paris, de rechercher si les moyens sont ici à la hauteur du but.

Enfin, et pour descendre à des intérêts plus secondaires, l’état des finances autrichiennes préoccupe aussi l’esprit de tous ceux qui n’arrêtent pas à nos frontières l’essor de leurs spéculations. Plusieurs entreprises nouvelles ont appelé dans la Basse-Allemagne les capitaux de la France : beaucoup d’autres les appelleront dans un avenir prochain ; il peut par conséquent être opportun de donner quelques renseignemens non-seulement sur les ressources du gouvernement qui les autorise, mais aussi sur ces entreprises elles-mêmes. Le crédit devient de plus en plus solidaire entre tous les états de l’Europe ; on ne saurait donc éclairer d’une lumière trop vive la situation particulière de chacun d’eux. Cette étude intéresse à un égal degré ceux qui, croyant à la puissance illimitée du crédit, saluent dans l’époque actuelle l’aurore d’une ère nouvelle, comme ceux qui, tout en admettant la fécondité des prodiges réservés à l’esprit industriel du siècle, souffrent néanmoins de cette adoration exclusive de l’utile, et cherchent à diriger le génie humain vers d’autres voies, en lui montrant quels dangers peut offrir, même à qui veut les posséder sûrement, la poursuite immodérée des seules jouissances matérielles. Pour tracer à tous ces points de vue le tableau financier de l’Autriche, il convient donc d’examiner successivement son budget, la situation de la banque nationale, dont le sort est si intimement lié à la fortune de l’état, les nouveaux établissemens de crédit et les entreprises récentes de travaux publics.