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expansive, élevée et familière ; mais ces ménagemens épiscopaux, ces adhésions parlementaires, ne calmaient ni les passions ni les alarmes protestantes et populaires qui repoussaient la mesure. « Je dois franchement avouer, disait M. Gladstone en la soutenant, que la minorité qui, dans cette chambre, a combattu ce bill dès son origine représente le sentiment dominant dans la majorité du peuple d’Angleterre et d’Ecosse. »

Au milieu de cet orage, et pendant six jours que dura le débat suscité par la seconde lecture du bill, sir Robert Peel garda le silence, laissant à ses collègues et à ses amis, sir James Graham, M. Goulburn, M. Gladstone, lord Lincoln, M. Sidney Herbert, le soin de défendre, contre les assauts de chaque jour, sa proposition et lui-même. Le sixième jour, à l’approche du vote, il prit la parole : « Ce débat a offert, dit-il, beaucoup d’honorables exemples. Des hommes qui approuvent en général la politique et la conduite du gouvernement de sa majesté ont différé avec lui sur la proposition actuelle, et n’ont pas voulu qu’aucune considération de politique ou de parti arrêtât l’honnête manifestation de leur opinion, quelles qu’en pussent être les conséquences. J’assure ces honorables membres que, tout en regrettant profondément la dissidence qui s’est élevée entre nous, je les honore pour la marche qu’ils ont suivie. De l’autre côté de la chambre nous sont venus aussi de beaux et salutaires exemples. Sur tous les bancs se sont rencontrés des hommes prêts à courir tous les risques, à braver la désapprobation de leurs commettans, à perdre, peut-être pour toujours, leur situation politique, parce que, croyant cette mesure opportune et juste, ils voulaient agir selon leur propre idée de leur devoir public, non selon les idées d’autrui. Débat également honorable, je le répète, pour les adversaires et pour les partisans de la proposition ! Quels que soient les sentimens qui se sont élevés dans mon âme, ils disparaissent et s’abîment tous aujourd’hui dans un seul sentiment, l’espoir que vous ne rejetterez pas cette mesure. Vous pouvez penser, peut-être avec raison, qu’il eût mieux valu qu’elle vînt des ardens et constans défenseurs des catholiques. Vous pouvez trouver juste que ceux qui l’ont proposée perdent votre appui. Agissez d’après ce principe, infligez-nous cette peine, retirez-nous votre confiance, frappez les hommes, mais ne perdez pas un moment de vue les conséquences qu’aurait le rejet de la proposition. Mon honorable et respecté ami, le représentant de l’université d’Oxford, nous a dit que nous avions perdu la confiance, non-seulement d’un grand parti dans cette chambre, mais d’un parti bien plus puissant dans le pays. Selon lui, nous ne possédons plus cette force d’opinion et d’adhésion qui met seule en état de régir les affaires publiques. On m’a dit