Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/603

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

insensibles jusqu’aux premiers gradins des Montagnes-Rocheuses.

La région suivante est formée par l’énorme bourrelet montagneux qu’on désigne sous le nom général de Montagnes-Rocheuses, et qui comprend une multitude de chaînons particuliers.

Au-delà de cette limite montagneuse, qui est pour ainsi dire l’arête centrale du continent, s’étendent, jusqu’aux montagnes de la Californie et de l’Orégon, les terres qui forment la troisième région, la moins connue de toute l’Amérique. Cette large ceinture comprend au nord la plus grande partie des territoires d’Orégon et de Washington, au sud les déserts du Nouveau-Mexique et de la Californie, et, dans la partie intermédiaire, cet immense bassin hydrographique intérieur qu’on nomme aujourd’hui aux États-Unis le Grand-Bassin. Les eaux qui descendent des montagnes dont il est ceint de toutes parts ne peuvent en sortir, et s’y amassent dans de grands lacs. La plus considérable de ces mers intérieures du territoire d’Utah a acquis une grande célébrité depuis que les mormons en habitent les bords.

La quatrième région est formée par la haute muraille de la Sierra-Nevada californienne et par la chaîne Cascade, qui est le représentant géographique de cette sierra dans l’Orégon.

Enfin au-delà de ces montagnes s’étend la contrée qui borde l’Océan-Pacifique, et qui comprend toutes les parties peuplées de la Californie et de l’Orégon.

Cet aperçu rapide doit suffire pour donner une première idée de la configuration physique d’une grande partie du continent de l’Amérique du Nord, et l’on ne peut s’empêcher d’y reconnaître une grande simplicité de lignes. Partout les fleuves ont d’immenses bassins à parcourir, les chaînes de montagnes se poursuivent sur des distances véritablement énormes, les traits naturels sont larges et faciles à saisir.

A tous les égards, il devient très important d’étudier les grands territoires dont nous venons de marquer la physionomie générale. L’importance de ces provinces, qu’elles soient ou non reliées un jour directement avec la Californie et l’Orégon, ne peut aller qu’en augmentant. Jusqu’où reculera cette limite flottante qui sépare en quelque sorte, aux confins de l’ouest, la vie sauvage de la vie civilisée? Quelles sont les ressources des contrées situées sur les deux versans des Montagnes-Rocheuses? Quelle voie naturelle l’émigration doit-elle suivre en se répandant dans ces solitudes ignorées? Toutes ces questions intéressent au plus haut point l’avenir du Nouveau-Monde, elles ne sont malheureusement pas près d’être résolues. L’immense rectangle compris entre le Mississipi, la limite méridionale des possessions anglaises, le Mexique et l’Océan-Pacifique,