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par scission ; mais celle-ci n’est déterminée que par le rapprochement des deux sexes. Cet acte est nécessaire pour infuser au jaune germinatif une puissance, une force prolifique particulière[1]. En vertu de cette imprégnation, la vésicule germinative disparaît, le jaune germinatif se contracte, et bientôt se montre une première cellule germinative. Celle-ci se divise d’abord en deux, puis en quatre, et ainsi de suite, entraînant à chaque fois dans sa multiplication le vitellus lui-même. Ainsi s’expliquent, d’après M. Owen, le framboisement de l’œuf et sa transformation totale en une masse de cellules germinatives toujours imprégnées de la puissance prolifique qui leur a donné naissance et s’y trouve comme mise en magasin.

C’est cette masse de cellules germinatives, pénétrées d’une force spéciale, qui, toujours d’après M. Owen, sert de point de départ à la formation d’un nouvel être. Chez les mammifères, chez tous les vertébrés, chez un grand nombre d’invertébrés, cette formation suffit pour épuiser la provision de cellules et de force prolifique mise en réserve. Chez les pucerons, les méduses, les distomes, etc., il en est autrement. Une partie de la masse formée de cellules germinatives passe sans changement dans le corps de l’embryon, et la puissance prolifique ne cessant pas d’agir, les cellules continuent à se multi plier dans ce nouveau séjour. Chaque fois qu’il s’en est formé une quantité suffisante, un nouvel être s’organise, et emporte également avec lui sa part de cellules et de force reproductrice ; mais, par suite de ce travail de répartition, la puissance prolifique s’épuise : alors seulement l’intervention des deux sexes redevient nécessaire pour la renouveler. Toute reproduction animale est le produit d’une fécondation unique, opérée par le concours d’un père et d’une mère, le premier donnant à l’élément fondamental fourni par la seconde la puissance de se multiplier pendant un temps variable, selon les espèces. Dans la reproduction par œufs, cette puissance s’épuise d’un seul coup, et veut être renouvelée à chaque génération. Dans la parthénogenèse, cette puissance se transmet à plusieurs générations successives, avec des élémens matériels provenant de la première cellule germinative. Dans les deux cas, celle-ci est le point de départ. En elle est accumulée au début la force prolifique qui détermine des phénomènes plus ou moins durables, mais toujours identiques. Par conséquent la reproduction parthénogénétique diffère de la reproduction ovarique uniquement par des circonstances accessoires. Au fond, il n’y a la qu’un seul et même phénomène.

Telle est en résumé la théorie de M. Owen ; il faut convenir qu’elle est séduisante. Remarquons d’abord qu’elle justifie l’expression de

  1. A spermatic force, a spermatic power.