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par la réapparition d’individus à sexes caractérisés. Quelque nombreuses que soient les générations comprises dans un cycle, tous les individus, animaux ou végétaux, neutres ou sexués, qui les composent, n’en sont pas moins le produit, direct ou indirect, d’un même germe, d’un même œuf ou d’une même graine. Tous sont donc les fils médiats ou immédiats de la mère ou du père qui ont produit et fécondé ce germe[1].

Nous savons que l’hydre ou le puceron qui ont acquis des sexes caractérisés meurent presque aussitôt après avoir pondu leurs œufs. La coryne mère, après avoir émis ses germes fécondés, s’atrophie et est résorbée. Une fois qu’ils ont ouvert de nouveaux cycles et assuré l’avenir de l’espèce, ces individus reproducteurs ont accompli leur mission, et ils disparaissent. La vie des individus nourriciers se prolonge au contraire, car il faut entretenir la colonie et fournir des matériaux à de nouveaux bourgeons. À peine est-il besoin de rappeler que nous retrouvons encore ici l’analogie déjà observée entre les végétaux et les animaux. Plus passagère que la fleur animale, la fleur végétale se flétrit avant même que la graine soit formée et avant qu’elle soit mûre. Le rameau floral, l’individu reproducteur végétal ne sert donc qu’une fois, comme l’hydre ou le puceron mères. Au contraire les rameaux foliacés, les individus nourriciers persistent sous les tropiques et dans nos arbres verts comme les polypes chasseurs de la coryne. Et s’il en est autrement pour la plupart des arbres de nos climats, le froid de l’hiver, qui suspend jusque dans le tronc tout mouvement vital, explique aisément cette différence apparente. — On le voit, pour tout ce qui touche à la multiplication des individus, à la propagation de l’espèce, le parallèle se soutient depuis la naissance jusqu’à la mort entre les végétaux les plus caractérisés et les animaux soumis à la généagénèse.


VII. – REFLEXIONS GENERALES. – CONCLUSION.

Nous venons d’analyser rapidement les trois grands phénomènes présentés par le règne animal dans le développement des êtres. En résumant ce que nous avons dit de chacun d’eux, nous voyons la transformation se montrer partout et suffire à elle seule pour la plu part des animaux supérieurs. La métamorphose proprement dite apparaît ensuite, mais n’est au fond qu’un phénomène de transformation s’accomplissant sous nos yeux, au lieu de se passer dans les

  1. Les mots père et mère désignent ici, on le comprend, l’appareil mâle et l’appareil femelle, qu’ils soient isolés ou réunis sur un même individu.