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LE
CARACTÈRE ANGLAIS
JUGÉ PAR UN AMÉRICAIN



Un des faits que les philosophes sont unanimes à reconnaître, c’est l’existence d’un certain être métaphysique qui s’appelle caractère national. Chaque nation possède une âme générale qui se dégage des individus composant cette nation, qui circule et plane invisible, intangible, et qui cependant dénote sa présence par des actes matériels. Est-ce une abstraction ou une réalité ? L’une et l’autre à la fois, serait-on tenté de dire. Vous pourriez passer en revue la moitié des habitans d’un pays sans rencontrer en eux les signes caractéristiques de l’âme nationale, et tout à coup elle se révèle à vous à l’improviste par quelque signe fugitif : un mot, un geste, l’expression d’une répugnance, la vibration d’un accent passionné, la démarche d’un passant ; mais à peine l’avez-vous aperçue, que déjà elle s’est enfuie. Le caractère d’une nation est une chose que l’on sent plutôt qu’on ne la voit, une chose qui tient le milieu entre une conception de l’esprit et une réalité matérielle, qui est impersonnelle et qui agit cependant par les individus, qui n’existerait pas sans la nation, et qui en est pour ainsi dire indépendante. Quand on réfléchit sar ce qu’on appelle caractère national, on n’est plus