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Ainsi organisé, le service civil de l’Inde se compose de 808 employés. 484 sont attachés à la présidence du Bengale et à la sous-présidence des provinces nord-ouest; 189 relèvent du gouvernement de Madras, 138 de celui de Bombay[1].

Il ne faut pas une longue étude de l’histoire coloniale de l’Angleterre pour arriver à cette conclusion, que l’Inde est la seule de toutes les colonies britanniques qui ait réellement prospéré pendant les cinquante dernières années. Aux Indes-Occidentales, la belle colonie de la Jamaïque descend, comme prospérité commerciale, au niveau de Haïti; l’établissement du Cap, avec ses éternelles guerres contre les Cafres, engloutit sans profit, même sans résultat pacifique, les trésors de la métropole. Dans l’Inde au contraire règne une paix intérieure profonde, et son histoire extérieure n’est qu’une longue série de victoires et de conquêtes. Il est facile d’expliquer ce fait, dont les hommes qui ont administré depuis les premières années du siècle les colonies de la couronne ne sauraient s’enorgueillir. Tandis que dans les bureaux du ministère des colonies les bienfaiteurs des nègres, les réformateurs et les philanthropes couvaient tranquillement leur petit février colonial, la cour des directeurs demeurait un gouvernement fort et obéi, et restait fidèle, malgré les obstacles, aux bonnes vieilles traditions de despotisme colonial, en dehors desquelles il n’est que ruine et anar-

  1. Nous donnerons une idée assez exacte des conditions de l’avancement dans l’administration anglo-indienne en reproduisant la moyenne des années de service pour les officiers des divers grades de la hiérarchie : 25 ans pour les secrétaires du gouvernement suprême, 23 ans pour les secrétaires du gouvernement du Bengale ou d’Agra, 34 ans pour les juges de la cour suprême (Sudder Adawlut) de Calcutta, 26 ans pour les juges de la cour suprême d’Agra, 30 ans pour les membres des board of finances, revenue, de 57 à 23 ans pour les juges, de 26 à 18 ans pour les collecteurs, de 7 à 19 ans pour les magistrats. L’avancement suit à peu près la même loi dans les présidences de Madras et de Bombay. Voici d’ailleurs la magnifique liste civile répartie entre les employés civils de l’honorable compagnie des Indes (en estimant la roupie à 2 shillings) : gouverneur-général, 25,000 liv. st.; gouverneurs de Madras et de Bombay, 10,000 liv. st.; lieutenans-gouverneurs du Bengale et des provinces nord-ouest, 8,400 liv. st.; membres du conseil suprême de l’Inde, 8,000 liv. st.; membres des conseils de Madras et de Bombay, 6,200 liv. st. Pour les autres grands dignitaires de la hiérarchie indienne, la cour des directeurs a fixé un salaire maximum de 5,200 liv. st., salaire qui est touché par les secrétaires du gouvernement suprême, quelques membres des board et certains agens diplomatiques. Les juges des cours d’appel de Calcutta et d’Agra reçoivent 4,200 liv. st. ainsi que certains agens politiques de second ordre; les commissioners, 3,500 liv. st.; les juges, 3,000 liv. st.; les magistrats et collecteurs (provinces nord-ouest), 2,700 l. st.; les collecteurs (Bengale), 2,300 liv. st.; les magistrats (Bengale), 1,080 liv. st.; les joints magistrate et deputy collectors (provinces nord-ouest), de 840 à 1,200 liv. st.; assistans magistrats, 480 liv. st. Les salaires sont un peu moindres dans les présidences de Bombay et de Madras, où les appointemens du juge sont fixés à 2,800 liv. st., ainsi que ceux du magistrat et du collecter. Après vingt-cinq ans de service, dont trois ans de congé (furlough), les officiers du service civil peuvent se retirer avec une pension de 1,000 liv. st.