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LE


THÉÂTRE CONTEMPORAIN


EN ITALIE





Une des grandes préoccupations de l’Italie a toujours été de se créer une littérature dramatique digne de rivaliser avec celle des pays voisins. Aujourd’hui encore cette préoccupation se manifeste par des efforts multipliés. Ces tentatives marquent-elles un progrès ou un affaissement? La question a été vivement débattue par les Italiens dans ces dernières années, et, pour y répondre, je crois nécessaire non-seulement d’interroger les œuvres actuelles, mais de remonter dans le passé, de rechercher si à toutes les époques de son histoire le théâtre en Italie n’a pas présenté une suite de bizarres contrastes, passant avec une rapidité singulière de la vie au sommeil et de la puissance à la faiblesse. Dans le cas où la situation présente nous offrirait quelques symptômes de défaillance, nous aurions ainsi le droit de ne pas perdre confiance dans les destinées d’une scène déjà soumise à tant de vicissitudes. Ce retour sur un passé qui après tout n’est pas sans gloire aura d’ailleurs l’avantage de nous rappeler que la comédie in-promptu, si souvent et quelquefois si finement appréciée, n’est pas tout l’art dramatique dans le beau pays ove’l si suona, et que l’Italie a aussi son théâtre classique et régulier dont quelques pages peuvent suffire à résumer l’histoire.

Un mot encore à ce sujet. Les Italiens contestent volontiers à la critique française le droit de les juger; ils prétendent qu’on les connaît peu et qu’on ne les comprend pas. Si quelques jugemens de la presse française ont pu motiver leur irritation, ils n’autorisent nullement un excès de susceptibilité qui irait jusqu’à méconnaître les