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et de cuivre très finement suspendues s’attirent mutuellement et oscillent les unes vers les autres. On a pu prouver ainsi que toutes les particules d’un même corps s’attirent mutuellement, et la cohésion de la matière en est le résultat. C’est peut-être même là une des meilleures preuves de l’existence des atomes, c’est-à-dire de ces particules infiniment petites et indivisibles qui composent les corps.

Une objection se présente : l’attraction est proportionnelle à la masse des corps qui s’attirent. Comment Newton put-il mesurer la quantité de matière contenue dans le soleil et les planètes, et vérifier si la loi de la gravitation leur était applicable ? Ce problème est plus simple qu’on ne pourrait le croire. En effet, connaissant la masse d’un corps, les lois de la pesanteur, nous pouvons déterminer la rapidité de la chute de ce corps ; mais réciproquement, si nous connaissons cette rapidité, nous devons pouvoir déterminer ce poids. Or on sait combien la lune s’écarte de la tangente de son orbite dans un temps donné, c’est-à-dire de combien elle descend vers la terre : il est donc facile d’en déduire sa masse par rapport à notre globe. De même les planètes du premier ordre font leurs révolutions autour du soleil, et il y a des satellites qui tournent autour de Jupiter et de Saturne. En calculant par leurs mouvemens combien une planète du premier ordre s’écarte de sa tangente dans un temps donné, et combien quelques satellites de Jupiter et de Saturne tombent au-dessous de leurs tangentes dans le même temps, nous pouvons déterminer la proportion de la gravité d’une planète du premier ordre vers le soleil, d’un satellite vers sa planète principale, à la gravité de la lune vers la terre. Alors, par la loi générale de la gravité, on calcule les forces qui agiraient sur ces corps à distance égale du soleil, de Jupiter, de Saturne et de la terre, et ces forces donnent la proportion de la matière contenue dans ces différens corps. Un exemple nous fera peut-être mieux comprendre : Mercure fait sa révolution autour du soleil dans un temps plus de trois fois inférieur à celui que met la lune à tourner autour de la terre. Si les orbites de Mercure et de la lune étaient égaux, le soleil attirerait trois fois plus Mercure que la terre n’attire la lune ; mais l’orbite de Mercure est environ 140 fois plus grand, c’est-à-dire que cette planète est 140 fois plus éloignée que la lune du centre de son mouvement. Il faut donc encore une force bien plus considérable pour la faire mouvoir ; l’attraction exercée par le soleil doit être fort supérieure- à celle de la terre, et par conséquent le soleil doit contenir bien plus de matière que la terre. Newton a trouvé ainsi, et à l’aide de calculs infinis, que les quantités de matière contenues dans le soleil, Jupiter, Saturne et la terre sont entre elles comme les nombres 1, 1/1067’, 1/3021’, 1/169292’. De plus, le volume des astres est déterminé par des observations astronomiques,