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l’élève du Pérugin n’avait pas songé. Ceux qui aiment la nouveauté ne se plaindront pas. L’esprit de M. Signol n’est pas troublé par le souvenir de l’Italie et garde son indépendance. Si le Mariage de la Vierge ne le prouvait surabondamment, après avoir vu la Fuite en Égypte et le Massacre des Innocens, on ne concevrait plus aucun doute à cet égard. Les enfans immolés par les soldats d’Hérode sont dessinés avec une hardiesse qui va jusqu’à la singularité. Je conseille à l’auteur de maîtriser à l’avenir la fougue de son pinceau et de ne plus créer des enfans dont le type ne se trouve nulle part.

Dans la chapelle de Saint-Pierre, M. Schnetz a montré, comme on devait l’espérer, un amour sincère pour la vérité. Dans ses quatre compositions, il n’y a rien que le bon sens et la raison puissent désavouer ; mais en peinture cela ne suffit pas. Quand il s’agit d’un apôtre qui a joué dans l’histoire de l’église un rôle important, on souhaite dans le style plus de grandeur et de sévérité. Saint Pierre prêchant, saint Pierre agenouillé, l’Arrestation et le Martyre de saint Pierre ne se recommandent guère que par l’exactitude de l’exécution. Le côté poétique n’est pas même indiqué. M. Schnetz, comprenant sans doute qu’un tel sujet était au-dessus de ses forces, qu’il ne lui était pas donné de l’embrasser dans toute sa grandeur, s’en est tenu à l’aspect réel des faits. Or la vie de saint Pierre ainsi traitée n’est plus à sa place dans une chapelle. Il n’est pas permis d’en supprimer la partie poétique. Pour sentir que l’auteur est demeuré au-dessous de la tâche qui lui était imposée dans le martyre de l’apôtre, il n’est pas nécessaire de se rappeler la composition de Rubens qui se voit à Cologne. M. Schnetz, dans l’intérêt de sa renommée, devrait profiter de son séjour à Rome pour revenir à ses premières études et nous offrir à son retour quelques scènes italiennes. Entre Albano, l’Ariccia et Frascati, il n’a que l’embarras du choix. S’il persiste à oublier la vraie nature de son talent, il se prépare d’amers désappointemens.

La chapelle de Saint-Pierre et Saint-Paul, décorée par M. Biennourry, est d’un style plus élevé que la chapelle précédente. La renonciation de saint Pierre est traitée avec une simplicité de pantomime que je me plais à louer. La cécité de saint Paul est rendue d’une manière moins heureuse. Saint Pierre et saint Paul en prison portent sur leur visage l’empreinte d’une foi ardente et résolue ; malheureusement le dessin manque d’élégance. La glorification des deux apôtres révèle plus d’adresse que d’imagination. M. Biennourry paraît doué d’une excellente mémoire, et ne s’applique pas assez à traduire des pensées personnelles. Est-ce de sa part timidité ou insuffisance ? Je crains fort que la dernière solution ne soit la vraie.

M. Murat avait à traiter trois sujets consacrés par de périlleux