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lations italiennes ; les autorités autrichiennes savent bien la peine qu’elles ont eue à trouver un podesta à Milan. Au total, après ce voyage il restera une difficulté de moins, celle du séquestre, qui tenait l’Autriche et le Piémont dans une attitude permanente d’hostilité, et avait amené une rupture diplomatique entre les deux gouvernemens. L’antagonisme politique et national ne cessera pas, une difficulté sérieuse aura disparu dans les relations officielles des deux pays. D’un autre côté, l’état de siège vient d’être levé dans la Romagne, ce qui semblerait indiquer une certaine amélioration dans les conditions des états pontificaux. Par un fâcheux contraste, tandis que sur quelques points de l’Italie apparaissent ces signes plus favorables, la situation s’aggrave à Naples. Deux faits successifs viennent démontrer les choses sous un jour plus sombre. Pendant une revue, un soldat s’est détaché des rangs et a essayé de frapper le roi. C’est là un de ces odieux attentats qu’il faut chasser de la politique et reléguer dans les régions perverses du crime. Peu de jours auparavant, une insurrection nouvelle avait éclaté en Sicile. Ce n’est ni à Palerme ni à Messine que le mouvement a commencé, c’est dans la campagne. Le chef des insurgés était un ancien membre du parlement sicilien qui a eu à subir un procès politique, le baron Bentivegna. L’insurrection de Sicile parait aujourd’hui comprimée. Certes il n’y a aucun lien entre ces deux faits qui sont survenus tout à coup dans le midi de l’Italie ; c’est une coïncidence fortuite qui les rapproche. Ils ont pourtant un résultat commun, celui de créer peut-être des embarras de plus et de ne pas rendre assurément plus facile la tâche de la France et de l’Angleterre. Il y a seulement une chose à considérer, c’est que pour le roi de Naples le meilleur moyen de dominer les passions et désarmer les hostilités violentes serait encore, maintenant comme hier, de rallier tous les esprits honnêtes en entrant hardiment dans la voie des améliorations sérieuses.

Une autre question reste pendante aujourd’hui, et elle ne laisse pas d’être grave : c’est celle de Neuchâtel. On sait dans quels termes est restée cette difficile et épineuse contestation. La Prusse a réclamé la mise en liberté des insurgés royalistes de Neuchâtel comme condition préalable de toute négociation. La diète de Francfort, organe de la confédération germanique, appuie les réclamations du cabinet de Berlin. Plusieurs des puissances européennes, et la France est de ce nombre, ont pressé la confédération helvétique de consentir à un acte qui permettrait d’arriver à un règlement diplomatique définitif de la situation de Neuchâtel. La Suisse a refusé, elle persiste à faire juger les hommes qui ont été pris les armes à la main il y a quelques mois. La Prusse et la confédération helvétique se trouvent donc en présence, soutenant des prétentions ou des droits divers, et arrivées l’une et l’autre à un point où elles ne peuvent ajourner la solution de leur différend. C’est sur ces entrefaites que les chambres prussiennes se sont ouvertes à Berlin. Le roi a dû nécessairement s’expliquer sur une affaire qui tendait à prendre une importance exceptionnelle ; il ne s’est point départi d’une véritable modération de langage ; mais en même temps il annonce assez clairement l’intention de ne pas pousser plus loin la temporisation. La Prusse, à ce qu’il paraît, se considérerait comme déliée, par les refus récens de la Suisse, de l’engagement qu’elle avait pris en 1852 avec les cabinets européens, de ne recourir à aucun moyen coërcitif. Cela signifierait que le cabinet de