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sentant. Le cabinet maintient également l’obligation de conformer l’enseignement « aux vertus chrétiennes. » C’était là et c’est encore un des points les plus débattus. Les déclarations du ministère tendent, il est vrai, à prévenir les inductions exagérées qu’on pourrait tirer de cette prescription, pour légitimer un enseignement dogmatique et animé d’un esprit de prosélytisme aussi contraire aux tendances des chambres qu’aux instincts, d’une population qui, comme celle des Pays-Bas, professe des croyances religieuses, fort mêlées. Maintenant il reste à savoir quelle sera l’issue de la discussion qui va s’ouvrir dans la seconde chambre, comment sera résolue cette question qui depuis plus d’un an pèse sur la politique hollandaise, et a rendu si difficile, si laborieuse l’existence du ministère actuel, né justement à l’occasion de ces complications religieuses. Il y a une différence toutefois, c’est que lorsque le ministère venait au monde, tous les esprits étaient troublés, redoutant une politique de réaction extrême ; aujourd’hui ils sont plus calmes, et les conditions sont peut-être moins défavorables pour une transaction entre les opinions et les intérêts qui sont en présence.

La Hollande, dans la sphère des affaires commerciales, a des relations et des intérêts qui s’étendent au loin ; aussi est-elle toujours attentivement occupée de tout ce qui se passe au Japon, et c’est ce qui explique l’importance d’un nouveau rapport que le gouvernement vient de mettre au jour sur les affaires de ce pays, jusqu’ici à peu près entièrement fermé. On sait les efforts qui ont été tentés dans ces dernières années pour ouvrir cet empire. Les États-Unis sont parvenus à conclure un traité qui leur ouvre les ports de Hakodadi et de Simoda L’Angleterre a obtenu l’accès pour son pavillon dans le port de Nagasaki et dans celui de Hakodadi, déjà ouvert aux Américains. La Russie est arrivée à son tour pour négocier uns convention. La Hollande, par suite de ses relations anciennes avec le Japon, a, sans traité spécial, le bénéfice des avantages accordés à d’autres nations. Tout compte fait, voilà trois ports devenus accessibles, sur les côtes du Japon ; mais cette ouverture est plus apparente que réelle. En admettant les navires étrangers dans ses ports, le gouvernement japonais n’a eu nullement en vue de les ouvrir au commerce ; bien au contraire, il a nettement déclaré que le commerce continuerait de se faire exclusivement, comme jusqu’à ce jour, par le port de Nagasaki, réservé aux Chinois et aux Hollandais. Sous ce rapport donc, ce qui a été obtenu n’est qu’un indice favorable, un premier pas vers un meilleur système. Il reste à développer ces relations nouvellement créées. Les Japonais eux-mêmes, initiés peu à peu au mouvement universel, sentiront la nécessité d’aller plus loin dans cette voie, et dans ces conditions la Hollande est assurément le pays le mieux placé pour rattacher le Japon au système commercial du monde. C’est aussi là l’objet de sa politique. Elle s’est efforcée depuis longtemps, et plus particulièrement depuis quelques années, de gagner les sympathies du gouvernement japonais en répondant à tous ses désirs, en lui envoyant des présens. Elle espérait d’abord obtenir un traité formel confirmant les droits acquis et concédant quelques avantages nouveaux. Pour lever les difficultés de détail, il fut décidé que le gouvernement colonial achèterait au fermier du commerce spécial sa part dans le commerce japonais. Le gouvernement, devenu maître des im-