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DENIERS TEMPS
DE
L'EMPIRE D'OCCIDENT

II.
ANTHEMUS ET RICIMER.[1]


I

Un des malheurs attachés aux gouvernemens faibles et le plus grand peut-être, c’est qu’ils ne s’appartiennent plus à eux-mêmes : voisins, amis, ennemis, tout le monde enfin se croit le droit d’intervenir dans leurs affaires intérieures, de leur dicter des conseils qui deviennent des lois, de peser sur leurs institutions, de leur prescrire jusqu’au choix des hommes qui doivent les administrer. Rome l’éprouvait maintenant après l’avoir si rudement et pendant tant de siècles fait sentir au reste de l’univers. C’était le tour des Barbares de faire des empereurs de Rome à la pointe de leurs épées. Alaric avait donné un tyran à l’Italie ; la Gaule en reçut plusieurs de la façon des Alamans et des Burgondes, et le césar légitime Avitus arriva au midi des Alpes comme un élu des Visigoths. Ces ingérences étrangères avaient lieu indépendamment de la pression que pouvaient exercer sur les choix de l’armée, du sénat ou du peuple de Rome, les auxiliaires barbares à la solde de l’empire. Il n’y eut pas jusqu’à Genséric, l’implacable ennemi des Romains, qui

  1. Voyez la livraison du 15 mai 1857.