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Une des plus belles pièces que nous ayons recueillies dans nos fouilles est une tête de sanglier. Cet animal serait-il semblable à celui qu’Etienne Geoffroy Saint-Hilaire a vu figuré sous le nom de sanglier d’Érymanthe ? L’illustre naturaliste a recherché quels avaient pu être les modèles des animaux représentés sur les bas-reliefs du temple de Jupiter à Olympie. Le sanglier d’Érymanthe décrit par lui a quelques rapports avec notre fossile de Grèce. Ce serait un résultat curieux de découvrir par la géologie quelques-unes des sources auxquelles la mythologie a puisé.

Nous venons de nommer plusieurs des principaux quadrupèdes qui ont peuplé l’Attique dans les anciens âges. Ces animaux avaient des mœurs paisibles, et vivaient des produits que les plantes leur fournissaient. Un petit nombre de carnassiers troublait leur tranquillité : c’étaient des machœrodus, dont les dents canines annoncent une puissance extrême et présentent la forme de lames tranchantes ; c’étaient aussi des hyènes de diverses espèces et des civettes, qui peut-être avaient, comme celles d’aujourd’hui, la faculté de répandre une odeur musquée.

Tels sont les animaux dont les débris se trouvent fossilisés dans l’Attique. C’est peu cependant de les avoir recueillis : il faut les consulter comme l’archéologue consulte les médailles, et, en nous aidant des données que nous fournit la géologie, chercher à reconstituer l’histoire de la contrée où ils vécurent.


II

L’examen des fossiles du mont Pentélique révèle, nous l’avons dit, que dans les temps anciens la Grèce dut renfermer d’immenses plaines et une riche végétation. Aujourd’hui pourtant cette contrée n’occupe qu’un espace bien restreint, dans lequel les nombreuses chaînes de montagnes laissent peu de place pour les vallées. Elle est séparée de l’Asie et de l’Afrique par la Méditerranée, et du reste de l’Europe par des massifs de montagnes. Où donc rencontrer les vastes campagnes dont l’existence est attestée par la nature des animaux fossiles ? Où ces êtres si variés trouvaient-ils assez d’herbes et de feuillages ? Pour expliquer ces difficultés, nous devons admettre que l’Attique a été très différente de ce que nous la voyons maintenant. Cherchons quel fut son état primitif. Par quelles métamorphoses a-t-elle passé avant de prendre la configuration qui lui est restée depuis la venue des hommes ?

À l’origine, notre planète fut un corps incandescent, comme les astres que nous voyons briller dans le ciel. Elle était entourée d’un cercle de vapeurs et de gaz. Lorsqu’elle eut perdu, par suite du rayonnement dans l’espace, une partie de sa chaleur, elle se solidifia