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DE LA
BAISSE PROBABLE DE L’OR
DES CONSÉQUENCES COMMERCIALES ET SOCIALES QU’ELLE PEUT AVOIR
ET DES MESURES QU’ELLE PROVOQUE

PREMIERE PARTIE.
DE LA PRODUCTION ACTUELLE DE L’OR
ET DES DÉBOUCHÉS QU’ELLE RENCONTRE.



Si l’on se reportait par la pensée juste à trois siècles en arrière pour observer ce que l’Europe présentait alors de plus saillant, on la verrait fort occupée d’un continent nouveau, découvert depuis une soixantaine d’années déjà par un navigateur génois dont le génie et l’audace persévérante avaient été excités par une bienheureuse faute de calcul, au sujet de la distance à laquelle est reléguée la Chine. Dans ce nouveau monde dont Christophe Colomb avait montré le chemin, non pas seulement pour Castille et pour Léon, comme le prétend l’inscription placée sur son tombeau dans la cathédrale de La Havane, mais pour la civilisation tout entière, des mines d’or, des mines d’argent ensuite, d’une abondance inusitée, les secondes surtout, s’étaient offertes à l’avidité des conquérans. Les hommes les plus entreprenans de la péninsule ibérique étaient accourus au travers de l’Océan pour s’approprier ces trésors, dont leur imagination s’exagérait encore la grandeur; à leur suite, une foule d’hommes intrépides, de toutes les contrées de l’Europe, se précipitaient sur les différens