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d’être autorisée par la loi, est de nature à diminuer dans une assez forte proportion l’emploi de l’or dans la monnaie. Il y a là une force restrictive qui peut beaucoup plus que balancer l’expansion que l’accroissement de la population et celui des affaires tendraient à imprimer au numéraire en or. La Banque de France n’a pas été empressée de donner au billet de banque de 100 francs toute la circulation à laquelle ce signe représentatif pouvait prétendre. Elle peut de même retarder le moment où le billet de 50 francs circulera au gré des vœux du public. Cependant l’antipathie de la Banque pour les nouveautés a ses limites, et ses oreilles ne sont pas fermées à la voix de la raison. Dans ces derniers temps, elle a consenti à répandre le billet de 100 francs d’une main moins avare; elle le répandra plus encore, et elle acquiescera pareillement aux réclamations du public en faveur du billet de 50 francs.

Par cet ensemble de considérations, je crois ne devoir rien ajouter, pour le fait de l’accroissement des affaires, aux 22,000 kilog. d’or qui ont été indiqués plus haut pour l’addition à faire à la monnaie, en vue des besoins du surplus de population. Cette addition a été supputée fort amplement, et on pourrait la trouver excessive, si on la rapportait à l’unique destination pour laquelle elle a été calculée.

La monnaie d’or donne lieu, par le fait même de sa circulation, à une certaine consommation d’or. Elle s’use, et de là une perte qu’il faut remplacer. Ce qu’on nomme le frai des monnaies ne laisse pas que de s’élever, sur le total des espèces en mouvement dans un grand état, à une quantité très appréciable de métal chaque année. Sur ce sujet, des renseignemens assez variés ont été fournis par des expériences ou des constatations dont les plus remarquables sont celles qui ont été faites en Angleterre à diverses époques, mais surtout en 1798 par un physicien célèbre, Cavendish, et un chimiste distingué, Hatchett, — en France plus récemment par MM. Dumas et de Colmont, au nom de la commission des monnaies, déjà nommée ici, que présidait Thénard, et enfin en Hollande, tout nouvellement à l’occasion du changement apporté au système monétaire. Il a été ainsi prouvé qu’à dimensions égales, les pièces d’or renfermant un modique alliage de cuivre et surtout d’argent s’affaiblissaient beaucoup moins par l’usage que celles d’argent. Il est établi aussi qu’à mesure qu’il s’agit de pièces moindres, le frai augmente, rapidement même, soit parce que les petites pièces passent de main en main beaucoup plus que les autres, soit par le motif qu’en proportion du poids elles présentent plus de surface. Il y a lieu de croire qu’en adoptant la proportion de 2 sur 1,000 ou de 1 sur 500, on exagérera notablement la perte probable des pièces