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le bâton de liège ou de cire lesté par l’épingle servira de support. Cette aiguille vous fera une excellente boussole, et vous pourrez. vous en servir aussi pour examiner les attractions et les répulsions des corps aimantés ou susceptibles d’aimantation.

Ce n’est pas tout encore : si vous n’avez pas d’aimant à votre disposition, prenez une pelle ordinaire de foyer et posez-la par terre en dirigeant le manche à peu près vers le nord ; posez votre aiguille à plat et la pointe en bas sur la partie large qui sert à recueillir les cendres, puis, tenant de l’autre main la pincette qui accompagne la pelle (ou le poker si vous êtes en Angleterre), frottez à plusieurs reprises l’aiguille à coudre tout de son long avec l’extrémité de la pincette ou du poker en allant de haut en bas, sans revenir en sens contraire. L’aiguille sortira de là très sensiblement aimantée, elle se suspendra à une clé de fer, et placée sur l’eau, elle prendra très bien la direction nord et sud.

Les physiciens se sont quelquefois donné le plaisir d’aimanter fortement des barreaux d’acier sans avoir eu primitivement à leur disposition des aimans naturels ou artificiels, et sans employer les courans électriques. Il suffit de tenir les barreaux verticalement et de les frapper avec un marteau ou un maillet de bois pour que le globe leur communique un faible commencement d’aimantation, lequel, renforcé ensuite par des frictions mutuelles de barreaux sur barreaux, arrive à ce qu’on appelle la saturation, c’est-à-dire à un tel degré de magnétisme qu’il est impossible d’y rien ajouter. Dans une de nos séances expérimentales avec Ampère, une aiguille à coudre, que j’aimantai extemporanément avec une pelle et une pincette, nous fit un très bon service.

On a encore réussi à remplacer les aimans ordinaires par le globe terrestre pour la production de courans électriques dans des fils métalliques enroulés en circuits de diverses formes, et pour la direction de ces fils, qui se comportaient exactement comme s’ils avaient été sous l’influence d’un aimant ayant ses pôles nord et sud comme ceux du globe terrestre. On peut citer M. Délezenne. correspondant de l’Académie des Sciences, comme ayant fait d’intéressantes expériences sur ce sujet.

Sans multiplier ces exemples, disons tout de suite que le soleil et la lune étant probablement magnétiques comme notre globe, ils doivent agir par leurs pôles sur nos barreaux aimantés terrestres. Le dernier des Cassini est celui qui a d’abord observé les effets qui pouvaient provenir de cette cause. Il reste encore bien des choses à chercher là-dessus ou à conclure des expériences faites dans les observatoires magnétiques. Une circonstance digne de remarque, c’est que le soleil et la lune se présentent à nous par leur équateur et