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qui lui est toujours perpendiculaire, doit marcher à l’ouest. Le soir c’est l’occident qui est échauffé à son tour. Les lignes d’égale force qui du côté de l’orient étaient remontées vers le pôle redescendent à leur place primitive, et au contraire, dans la région occidentale, il faut remonter vers le nord pour trouver des intensités égales à celles qui existaient le matin. L’aiguille aimantée, pour rester perpendiculaire à ces lignes qui se relèvent vers le nord dans la région occidentale, est donc obligée de marcher vers l’est, c’est-à-dire de retourner vers sa position du matin. Dans notre Europe, c’est pendant le printemps et l’été que cette influence s’exerce le plus énergiquement, comme il était naturel de le prévoir, puisque ce sont les saisons chaudes pour notre hémisphère, saisons où l’action du soleil est la plus énergique. Les variations diurnes de l’aiguille sont alors d’environ un quart de degré, tandis que dans la saison froide elles atteignent à peine à la moitié de cette quantité. En général, nous devons à M. Duperrey beaucoup de notions précieuses sur l’influence calorifique du soleil agissant sur le magnétisme du globe. Les lignes magnétiques s’accordent sensiblement avec les lignes de chaleur égale dont j’ai parlé ailleurs. Une des importantes déductions théoriques qui naissent de là, c’est que les courans électriques du globe sont bien plus superficiels qu’on ne le supposait avant les observations de M. Duperrey.

Puisque dans nos contrées le mouvement diurne de chaque jour consiste en ce que la pointe polaire, la pointe nord de l’aiguille marche vers l’ouest le matin et retourne le soir en sens contraire, il doit arriver dans l’hémisphère austral que la pointe polaire, qui est là-bas la pointe sud, marche le matin vers l’ouest, et que par suite la pointe nord vienne le matin vers l’est, contrairement à ce qui a lieu dans les zones tempérées de l’hémisphère nord. Que se passe-t-il entre ces deux extrêmes ? L’aiguille reste-t-elle stationnaire tout le jour ? Non. Elle doit donc tantôt faire comme l’aiguille de l’hémisphère nord, tantôt suivre la marche de l’aiguille de l’hémisphère opposé. Ces régions intertropicales ont le soleil tantôt au nord, tantôt au sud, et deux fois par an il passe sur la tête de leurs habitans. Les cadrans y marquent des deux côtés, suivant la position actuelle du soleil. Est-ce au moment où cet astre passe du nord au sud, ou réciproquement, que se fait l’inversion dans ce sens de la marche journalière de l’aiguille ? M. d’Abbadie, toujours très zélé pour la science, avait bien voulu, à la demande de M. Arago, faire le voyage de Fernambouc, sur la côte orientale de l’Amérique du Sud, pour décider la question. Il fut mal récompensé de son travail, qui n’a été que très incomplètement publié et à peine examiné par ceux qui s’occupaient alors du magnétisme terrestre. Depuis lors, le