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mencé par choisir les trois candidats à proposer au roi pour la présidence. M. van Goltstein, qui a déjà occupé le fauteuil dans la dernière session, et qui appartient à l’opinion libérale modérée, a réuni le plus grand nombre de voix. Après lui venaient MM. Baud et Dullert. C’est M. van Goltstein qui a été désigné par le roi, et qui a pris possession de la présidence. Dès le même jour, quelques-unes des lois annoncées par le roi et d’autres encore ont été présentées. Il en est une qui a pour objet de régler l’émancipation des esclaves dans les Indes occidentales. Une autre tend à réformer le système monétaire dans les Indes orientales. Enfin la plus importante pour le moment est la loi du budget, qui a été accompagnée d’un tableau complet de la situation des finances. Cette situation, ainsi que le roi lui-même l’indiquait dans son discours, n’a rien que de rassurant. Les dépenses sont largement couvertes par le produit des revenus publics, qui ne fait que s’accroître. L’exercice actuel présente déjà une amélioration notable, comparativement à celui de 1856, outre qu’une somme assez forte a été consacrée à l’amortissement de la dette nationale. En présence de cette situation prospère, le gouvernement s’est cru dans le devoir de venir en aide aux finances communales, et c’est à quoi tend en effet un des projets présentés, de sorte que, comme on peut le voir, la session des chambres hollandaises va être à peu près consacrée tout entière à des discussions financières, qui ne sont pas les moins utiles, surtout quand un pays a l’heureux privilège d’échapper aux agitations. La Hollande a ce privilège, et elle le doit à sa sagesse, à cette modération avec laquelle elle pratique le régime constitutionnel.


CH. DE MAZADE.


La Légitimité, par M. Charles MULLER, 1 vol. in-8o.

Si le parti légitimiste éprouve le besoin d’être guidé dans ses voies, voici un livre qui aspire à le satisfaire, et qui ne lui épargne ni les leçons ni les conseils. Nous ne pouvons, quant à nous, lui accorder une grande importance; nous en parlerons seulement comme d’une singularité qui peut jeter quelque jour sur la dissolution qui s’opère obscurément aujourd’hui dans la pensée des hommes. On veut et on ne veut pas; on a des sentimens qui se combattent, des fidélités qui se lassent d’attendre, des antipathies qui tordent les principes, des prévisions incertaines qui les ballottent; et si de tout cela il sort quelque avis qui veut être décisif, il reste encore tant de nuages dans la décision même, qu’il faut beaucoup d’attention pour comprendre où l’on en veut venir. « Je suis légitimiste! s’écrie tout d’abord l’auteur de ce livre; me sera-t-il défendu de le dire? » Plus loin, il ajoute « qu’il n’a pas voté pour l’empire et qu’il a vu avec douleur son avènement. » Ne dirait-on pas un séditieux qui risque tout? Eh bien! non, il n’est pas séditieux le moins du monde, ainsi que vous l’allez voir, pour peu que cela vous intéresse.

Selon lui, au lendemain de la révolution de février, les légitimistes ont manqué à leur mission. Si leur voix s’était élevée dans la constituante de 1848, dès la première séance, en faveur de la légitimité, elle aurait eu dans le pays un long et profond retentissement, et bientôt, justifiée par de cruels événemens, elle eût entraîné la France tout entière; mais « ils faillirent » à