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UN VOYAGE
DANS
LE NORD DE L’ITALIE

SECONDE PARTIE.[1]



VII.

On s’est plaint qu’un chemin de fer ait lié Venise au continent. On l’a, peu s’en faut, reproché à l’Autriche comme un dernier affront à la reine de l’Adriatique. Jamais cependant Venise s’est-elle montrée plus belle qu’aux yeux du voyageur qui, glissant sur les rails d’un long et bas viaduc, semble voler à la surface de la mer et croit voir devant lui une flotte d’édifices mouillés au large! Bien qu’averti par d’innombrables descriptions, on est toujours saisi à l’aspect de cette ville flottante, car Venise diffère de toutes les places maritimes vues de loin, en ce qu’elle semble fondée sur les flots. Les côtes ont toujours une certaine hauteur au-dessus de la mer : toute plage s’élève et mord à l’horizon sur le ciel; mais les lagunes où sont jetés les fondemens de Venise ont eu besoin d’être consolidées par des pilotis, et ses maisons n’ont point pour base l’épaisseur d’un quai. Les vingt-deux îles qui l’entourent, dont la plupart ont une église qui de loin se voit à peu près seule, offrent à la lettre l’apparence d’une église sur l’eau. Il en est de même de Venise tout entière.

  1. Voyez la livraison du 1er octobre.