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aux personnages divins qui figurent dans le ciel. Selon M. Valéry, le bas du tableau serait de Jules Romain, et Girodet aurait refait à Paris la tête du saint.

Le dôme ou la cathédrale de Saint-Laurent est la seule église qui ait vraiment de l’antiquité. La partie de la façade qui se trouve au-dessous de la corniche de l’ancien pignon serait, dit-on, et j’en doute, vieille de 900 ans. On l’a surélevée depuis lors pour lui donner la forme connue d’un toit dissimulé par une balustrade entre deux tours, dont une seulement a été construite. Tours, façade et murs extérieurs sont tous en marbre blanc et noir. Les trois portes d’entrée sont en ogive, avec les colonnes et les nervures gothiques. Deux lions se tiennent en sentinelle sur les marches du seuil. La nef est restée gothique ; les autels des deux extrémités du transept sont surmontés par des groupes de statues en bois peintes à l’huile comme des tableaux. » Devant l’autel de gauche, en dehors de la balustrade, là où se tiennent les fidèles, une statue en marbre, isolée, s’agenouille sur le pavé. Galeazzo Alessi a changé le style du chœur. Deux ordres de colonnes et d’arceaux en plein cintre superposés sont en eux-mêmes d’un bon effet. Derrière le maître-autel, une tombe en marbre sculpté à jour laisse voir le cercueil où l’on veut que reposent les restes de saint Jean-Baptiste. On lit partout l’histoire du sacro catino, en émeraude ou en verre, conservé précieusement dans la sacristie comme le présent de la reine de Saba au roi Salomon. Sans la bigarrure du style, cette cathédrale devrait être rangée parmi les plus belles.

Le théâtre Charles-Félix est un des grands théâtres de l’Italie, et les représentations y sont soignées, quoique j’y aie vu le Prophète très médiocrement rendu, et que les accessoires, décors, costumes, mise en scène, soient fort inférieurs, même au point de vue du goût et de l’art, à ce que nous sommes habitués à voir et à exiger. J’ai fait la même observation dans tous les théâtres où je suis entré, et la saison dans laquelle je voyageais n’offrait aucune chance d’être dédommagé par le talent des acteurs. La scène est abandonnée en été aux troupes du second ordre. J’ai vu à Milan un assez joli et absurde ballet très bien dansé; mais nulle part je n’ai entendu Verdi ni Donizetti très bien chanté. Partout on faisait de la musique, mais médiocrement : les Génois, autant que j’en puis juger, n’en paraissent pas des amateurs très passionnés ni très délicats. On dirait qu’en tout ils aiment les arts comme ils aiment le luxe; je suis prêt cependant à retirer cette remarque à la moindre sommation.

Le fait est que les splendides palais de Gênes ne sont pas toujours combles de chefs-d’œuvre. Il y aurait, je crois, fort à dire tant sur le mérite que sur l’authenticité des tableaux qu’on nous y fait