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entendu, mais combiné à une base. Il forme des sels contenant de 13,78 à 16,42 pour 100 d’azote. L’électricité des nuages ne produit pas seule ces sels. Ainsi dans quelques parties de l’Espagne, de l’Italie, de la France, de l’Inde, etc., il se forme spontanément sur le sol du nitrate de potasse ou salpêtre. On peut en faire artificiellement en construisant de petits murs, et c’est aux agriculteurs d’obéir aux exigences du sol ou du climat. La chimie ne doit leur enseigner que les procédés généraux, la richesse en azote, la composition de chacun de leurs produits, celle aussi de leurs récoltes, et avec la comparaison de ce qu’on a mis et de ce qu’on a enlevé, on peut conclure ce qui reste, et par conséquent ce qu’on gagne ou ce qu’on perd.

Ce serait sortir des bornes que je me suis tracées — entre l’agriculture et la chimie — d’insister sur toutes les réactions des sels ammoniacaux et des nitrates, sur les autres sels du sol, la silice et les matières organiques. Je ne rechercherai pas non plus si l’azote des nitrates, pour être efficace, a besoin de se combiner à l’hydrogène, ou s’il agit à l’état d’acide azotique. Il me suffit d’indiquer ici quels sont les principaux problèmes de la chimie agricole, et en quoi elle peut être utile. Rappelons cependant, pour ne point être accusé de présenter comme des résultats certains des choses encore contestées, que la nécessité de la transformation de l’azote en ammoniaque, même pour l’absorption par les feuilles, a été niée par un observateur, M. Ville, qu’il ne faut point confondre avec M. Sainte-Claire Deville, l’inventeur de l’aluminium, le professeur excellent de la Sorbonne et de l’École normale. Celui des deux qui n’a point découvert un nouveau métal a prétendu rectifier M. Boussingault, et a soutenu l’absorption directe de l’azote par les plantes. Cela est assez peu probable, car cette absorption est lente, et elle devrait être fort rapide, puisque l’air contient tant d’azote libre. Les expériences que M. Ville a faites sont d’ailleurs si difficiles et si longues, que bien des erreurs ont pu s’y glisser, et elles ne méritent pas une absolue confiance. Heureusement cette théorie est étrangère au sujet que je traite, et je n’ai point à la discuter : je ne serais peut-être pas assez habile pour distinguer ici la chimie de la politique.


III

La plupart des substances minérales ou inorganiques, les sels, sont peu volatils, et l’air n’en contient que des traces à peine sensibles. C’est donc seulement dans le sol que les plantes doivent puiser cette partie de leur nourriture, qui est plus importante qu’on ne l’imagine. Les mauvaises récoltes viennent d’ordinaire sur les champs