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trouvons du carbone, de l’azote, de l’hydrogène, de l’oxygène et des sels minéraux ; mais il y a cette différence, qu’ils n’empruntent rien à l’air, et que leur respiration est la cause d’une perte de substance et non d’un accroissement ; du moins les autres résultats de cette fonction sont trop mal connus pour devenir la base d’une théorie. Enfin, chez les animaux aussi, il y a peut-être une force vitale à laquelle il faut croire jusqu’au moment où tous les phénomènes pourront s’expliquer par la chimie, la physique et les mathématiques. Ce moment semble se rapprocher sans cesse ; mais longtemps, toujours peut-être, l’impulsion primitive, non celle qui a amené le monde, il ne s’agit point de théologie, mais celle qui est particulière à chaque être animé, celle qui fait germer la plante et apparaître l’animal dans l’œuf restera inexplicable. Pourtant, même dans l’état actuel, on peut raisonner comme si cette force n’existait point, car elle ne produit par elle-même aucune réaction chimique, et dans un certain sens ne met obstacle à aucune. Elle agit comme la chaleur ou l’électricité, qui rendent possibles certaines combinaisons difficiles dans l’état normal, mais non scientifiquement impossibles, et en même temps elle annihile parfois l’influence perturbatrice de ces forces, comme la chaleur pourrait empêcher l’électricité de produire un phénomène. La plupart des combinaisons organiques ont besoin d’être ainsi aidées, car les élémens ne sont pas ici fortement unis comme dans les minéraux, et les affinités sont moins puissantes.

Entre les deux règnes pourtant une barrière a été élevée qui n’a pas encore été renversée. Les plantes puisent dans l’air ou dans le sol des corps simples, c’est-à-dire des corps dont la décomposition nous est impossible. Elles combinent ces élémens pour former du bois ou de la paille, du blé ou des roses. On ignore comment s’exécutent ces combinaisons entre des corps à peine doués d’affinité les uns pour les autres, et l’on n’a jamais pu, dans aucune cornue, dans aucun creuset, provoquer une de ces combinaisons si variées et si communes. Ces composés sont loin d’être formés au hasard, et on a pu les diviser en familles ; ce sont du sucre, de la résine, de la fécule, ou des principes azotés comme le gluten, l’albumine et la fibrine. Dans l’estomac des animaux, les choses ne se passent pas de même, et ils sont sous ce rapport inférieurs ou supérieurs. Il est à peu près prouvé qu’un animal est incapable de combiner deux corps simples pour faire un composé organique. La fibrine et l’albumine, qui constituent sa chair et son sang, ne sont pas fabriquées par lui de toutes pièces : elles sont prises toutes formées dans le foin ou dans l’avoine, et subissent à peine une transformation pour devenir du sang, puis de la chair. L’intérieur des végétaux est ainsi une sorte de laboratoire où se forment les principes immédiats nécessaires