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partie de la chimie agricole est, sinon plus contestée, du moins plus ignorée que l’autre. Elle est plus difficile que la chimie végétale, mais elle n’est pas moins importante. La production de la viande est plus imparfaite encore en France que celle du blé. De cette production dépendent une foule d’arts et d’industries, et en moyenne elle n’entre que pour un dixième dans l’alimentation publique ; elle devrait y entrer pour un quart au moins. Toute science qui enseigne à développer cette production, soit en employant mieux les alimens ordinaires, soit en faisant servir ce qui était autrefois considéré comme un déchet, est utile. C’est ce qui arrive par exemple pour les résidus de la fabrication du sucre, pour les tourteaux de lin et de colza, pour la paille, et surtout pour les balles de blé ou d’avoine. Toutes ces substances et une foule d’autres étaient employées seulement comme engrais ; beaucoup de carbone et d’azote était perdu et ne remplissait qu’un rôle médiocre dans le mouvement universel qui anime la matière. Tous ces résidus ne servaient que de support et d’accompagnement aux matières véritablement utiles ; ils tendent, comme les autres, à suivre le circuit complet, et à ne rentrer dans la terre pour produire de nouvelles plantes qu’après avoir, comme les autres, servi à l’alimentation publique. La chimie seule serait impuissante à indiquer tous ces perfectionnemens, mais elle y peut aider. Comment pourrait-on savoir si la production de la laine est profitable dans tel pays ou dans tel autre, si l’on n’en connaissait la composition ? La laine contient de 16 à 18 pour 100 d’azote, tandis que dans la viande il n’y en a que 3 1/2 pour 100 ; mais d’un autre côté le fumier d’une bergerie où les moutons donnent beaucoup de laine est plus mauvais. Comment comparer tout cela et tirer de justes conclusions par des expériences directes sur les champs fumés et sur les animaux ? En étudiant par l’analyse ce qu’on a gagné d’un côté et ce qu’on a perdu de l’autre, ce que vaut l’azote sous la forme de laine et l’azote sous la forme de fumier, on arrive à des chiffres rigoureusement exacts. Il en est de même de la production des cornes, qui sont aussi très azotées, et des calculs sur les avantages de la production du lait comparée à celle de la viande. Le lait renferme 8gr 5 d’azote par litre, et le foin 11gr 5 par kilogramme. Pour faire 15 litres de lait, il faut donc à une vache 13 kilogrammes de bon foin, outre ce qu’elle doit absorber pour ses autres fonctions. Toutes ces indications sont surtout des moyens d’arriver à la vérité, qui dépend de tant de causes ; mais ce sont les meilleurs, tantôt pour vérifier les résultats des expériences agricoles, tantôt pour arrêter les agronomes dans une voie funeste.

Les traités de chimie agricole enseignent tout cela, et c’est à ces