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revanche, ces physiciens, ces chimistes, exagérés eux-mêmes, apportèrent dans l’étude des êtres vivans leurs méthodes précises, leurs procédés perfectionnés. L’expérimentation prit une part de plus en plus large dans ces études, et la physiologie enregistra bientôt des résultats positifs de la plus haute importance. On en vint à distinguer des phénomènes purement vitaux, ceux qui, quoique s’accomplissant toujours sous l’influence de la vie, conservent à un degré plus ou moins grand le caractère des phénomènes physico-chimiques. Néanmoins, dans cette voie nouvelle, la science sembla vouloir se restreindre. Elle s’en prit à quelques mammifères, à quelques oiseaux, et cela faute de pouvoir s’adresser à l’homme lui-même. Rarement elle descendit jusqu’aux reptiles ; presque jamais elle n’atteignit les invertébrés. La physiologie expérimentale prit de plus en plus un caractère essentiellement humain et médical, et jusqu’à ces derniers temps elle n’a eu presque rien de commun avec la zoologie.

Je n’ai cherché, dans ce qui précède, ni à faire l’histoire complète, ni même à tracer une esquisse historique de la zoologie. Je n’ai pas eu davantage l’intention d’indiquer tous ceux qui lui ont rendu des services éclatans. Trop de morts illustres, trop de vivans justement célèbres auraient à se plaindre de mon silence. Il m’était d’ailleurs impossible de signaler la nature, parfois très diverse, des travaux de chacun des hommes que j’ai nommés. Qui ne sait pourtant que Blainville a été en zoologie autre chose qu’un théologien intolérant, que Lamarck a dû à ses ouvrages descriptifs le surnom de Linné français, que Geoffroy a débrouillé et classé les groupes les plus difficiles des mammifères ? Préoccupé du but de cette étude, j’ai voulu seulement indiquer les principales tendances manifestées par la science dans le cours de son développement et attacher à chacune d’elles un de ces noms qui la caractérisent nettement. Or, si, laissant de côté les détails, on cherche les résultantes générales de ces directions diverses, on trouvera que de la renaissance à la mort de Cuvier et de Geoffroy la zoologie a été d’abord descriptive, puis anatomique. Il nous reste à montrer quels ont été les progrès accomplis dans ce dernier quart de siècle et quels rameaux nouveaux ont poussé sur le tronc fertile de la science zoologique.


II

La zoologie moderne n’a eu à répudier aucune de ses tendances passées : logiquement déduites les unes des autres, elles ont chacune apporté au fonds commun des acquisitions réelles, et qui s’accroissent journellement par des efforts semblables. Pour être moins fréquemment nécessaire, pour se montrer avec moins d’appareil,