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qui a trompé vos espérances, et moi, voilà près d’un demi-siècle que j’amorce une grande découverte sans avoir encore rien vu mordre à mon hameçon. Continuez de chercher, et vous trouverez... peut-être! »

Longtemps après Newton, Coulomb démontra que la loi des deux attractions autres que celle qui fait la pesanteur était la même que la loi de la pesanteur universelle, savoir l’inverse du carré des distances. Depuis Thalès, on avait déjà étudié de toutes les manières possibles l’action occulte des corps aimantés, on avait fabriqué de puissans aimans artificiels, mais rien n’avait pu donner à espérer que la force magnétique laissât pénétrer son mystère. Comme pour la source du Nil dont parle Lucain, la nature triomphait à rester cachée :

Sed viucit adhùc natura latendi.


Tous ceux qui ont écrit sur la physique et tous les recueils académiques tiennent le même langage jusqu’en 1820. La théorie de l’aimant, ce grand progrès de la science, était réservée à notre époque.

Jusqu’au XIXe siècle, la mine de fer dite aimant naturel et les barreaux d’acier aimantés avaient été, avec le globe terrestre, les seuls corps magnétiques connus. Dans les premières années de ce siècle, on trouva que deux métaux autres que le fer, savoir le nickel et le cobalt, partageaient avec celui-ci la vertu magnétique; mais on avait cru que c’était peut-être parce qu’ils contenaient une certaine quantité de fer. On doit nommer notre célèbre chimiste Thénard, avec Sage, parmi ceux qui ont les premiers expérimenté le magnétisme du nickel. Plus tard, Laugier ayant réussi, par une habile analyse, à isoler parfaitement le cobalt du nickel, le magnétisme de ces deux métaux, à l’état de pureté absolue, fut constaté sans indécision, et l’on eut trois métaux magnétiques, le fer, le nickel et le cobalt. C’était un fait curieux, mais qui n’apprenait encore rien sur la nature du magnétisme.

En 1820, le monde savant possédait déjà depuis un quart de siècle la pile électrique due à Volta, et on avait fait avec ce prodigieux instrument une infinité de recherches mécaniques, physiques, chimiques et physiologiques, lorsqu’un savant danois, OErsted, découvrit qu’un fil métallique transmettant le courant électrique de la pile agit fortement sur l’aiguille aimantée, et la dirige en travers de sa propre direction. Ainsi le fil métallique conducteur du courant de la pile de Volta, tendu de l’est à l’ouest, place l’aiguille aimantée, quand elle est libre, dans la direction du nord au sud. Si le courant va lui-même du nord au sud, l’aiguille pointe de l’est à l’ouest. Enfin dans tous les cas elle affecte une direction transversale à celle du fil électrique qui agit sur elle.