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quoique loin de ce chiffre, est encore considérable aujourd’hui, et l’on peut de plus affirmer que tous les cotons qui s’exportent de Calcutta ont été cultivés dans les districts de l’Inde centrale qui s’étendent entre les deux rivières Jumna et Nerbuddah. Ces districts produisent aussi en partie les cotons qui paraissent sur le marché de Bombay, approvisionné en outre par les cotons de la province de Guzerat, connus dans le commerce sous le nom de brooch et de surat, ces derniers représentant les deux tiers de l’exportation totale du port de Bombay. Le coton est aussi cultivé dans la présidence de Madras, mais il y est presque exclusivement employé pour la consommation intérieure.

Les premières mesures prises par l’honorable compagnie pour améliorer la culture du coton dans l’Inde remontent à plus de soixante ans. C’est en 1788 que des semences de cotons étrangers furent distribuées pour la première fois aux cultivateurs natifs. Depuis lors, le patronage du gouvernement a revêtu les formes les plus variées : contrats avantageux avec les planteurs, plantations-écoles, introduction de machines de nettoyage perfectionnées. En 1839, des planteurs américains furent amenés dans l’Inde par les soins du gouvernement, et les travaux de ces hommes spéciaux démontrèrent que les terrains propres à la culture du coton ne sont pas limités aux districts de Brooch et de Surate, mais s’étendent dans la province de Candeish et la partie sud du pays des Mahrattes. Ils établirent aussi que les procédés de culture des natifs ne diffèrent pas essentiellement des procédés de culture américains, et qu’enfin l’infériorité des cotons issus de semences importées ne doit être attribuée qu’au peu de soin avec lequel le coton est nettoyé, réuni en balles, et surtout aux épreuves du voyage de la plantation au port d’embarquement. Si, s’appuyant sur ces données, dont des hommes compétens à tous égards attestent l’exactitude, l’on tient compte du bon marché de la main d’œuvre en ces contrées[1], l’on peut dire que le coton ne tient pas dans le commerce extérieur de l’Inde la place qui lui appartient.

Il faut faire remarquer toutefois que, par suite de l’infériorité du sol, l’arbuste cotonifère produit beaucoup moins dans l’Inde anglaise, qu’aux États-Unis. Ainsi un acre de terre qui à la Louisiane produit 200 livres de coton, et plus, n’en produit que 100 dans les districts les plus favorisés de la présidence de Bombay. En outre l’état imparfait des voies de communication impose au spéculateur qui amène le coton de l’Inde centrale sur le marché de Bombay les plus lourds

  1. Ce bon marché est tel, que le coton sur la plantation peut être produit au prix moyen de 1 penny et 1/2 la livre, tandis que le prix de revient aux États-Unis varie de 2 pence 1/4 à 3 pence.