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(d’environ 3,000 tonnes), et par conséquent un fort tirant d’eau. Pour les navires à voiles, il se manifeste partout une tendance de plus en plus prononcée à en augmenter les dimensions : l’expérience a démontré que ceux qui naviguent avec le plus d’économie ont de 1,200 à 1,400 tonnes, et de 20 à 24 pieds de tirant d’eau. Du côté de l’Océan-Pacifique, le port qui, dans le projet de M. Garay, devait former la tête du canal est, suivant M. de Humboldt, très mauvais. M. Michel Chevalier n’en parle pas avec plus de faveur. « Tehuantepec, dit-il, mérite à peine le nom de rade; la mer se retire journellement de ces côtes, l’ancrage y devient d’année en année plus mauvais; le sable que charrie le Chimalapa augmente la hauteur et l’étendue des bancs sablonneux placés au débouché de la première lagune dans la seconde, et de celle-ci dans la mer, et déjà Tehuantepec n’est plus accessible qu’à des goélettes. » De fait, ce port ne peut servir à rien, et l’on a depuis songé à en faire un artificiel au moyen d’un môle de 2,000 pieds de long sur un point de la côte qu’on nomme Ventosa à cause des vents du nord-ouest qui y soufflent fréquemment. On sait quelles difficultés l’on rencontre dans l’établissement des grandes constructions maritimes, et quelles sommes énormes il faut y consacrer dans des pays où sont pourtant accumulées toutes les ressources de l’art : aussi peut-on à peine songer sérieusement à entreprendre de tels travaux dans des contrées lointaines, où le climat est meurtrier, où la main-d’œuvre ne peut s’obtenir qu’à grand’peine.

On a renoncé aujourd’hui à faire un canal maritime dans l’isthme de Tehuantepec; mais là, comme en plusieurs autres parties de l’Amérique centrale, les projets de chemins de fer ont succédé aux projets de canaux. Il est certain qu’avec Honduras et Panama, cette partie de l’Amérique centrale se prête le mieux à la construction d’un chemin de fer. Au point de vue des distances absolues, l’isthme de Tehuantepec présente même quelque avantage sur l’état de Honduras; mais cette supériorité est perdue en réalité, parce que la navigation est mauvaise et difficile dans le golfe du Mexique. D’ailleurs la compagnie qui est actuellement en possession d’un privilège dans cette partie de l’Amérique centrale, et qui se nomme la Compaña mista, est tenue par son cahier des charges de prendre Vera-Cruz pour port principal. De là des vaisseaux mexicains pourraient seuls transporter les marchandises et les passagers au point où l’isthme serait franchi. Sans parler de l’insalubrité du port de Vera-Cruz, attestée par M. de Humboldt, il est certain qu’on ferait ainsi un détour aussi long qu’inutile, rendu en outre dangereux par des bancs et des récifs.

L’objection tirée de l’absence de bons ports aux deux extrémités de l’isthme subsiste dans toute sa force contre ce nouveau projet. Il