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luttes des partis, dans les discussions législatives qui reflètent la situation intérieure de chaque peuple. Voici un moment où l’activité parlementaire renaît. Le parlement anglais reprendra bientôt ses travaux ; les chambres viennent de s’ouvrir à Lisbonne et à Turin. En Portugal, c’est la première réunion du parlement depuis que les élections générales ont été faites. Il serait difficile de prévoir encore quelle sera la conduite des partis, quelles luttes pourront surgir, quelle sera la faiblesse ou la force du cabinet actuel devant les chambres et en présence de toutes les œuvres qui resteraient à accomplir. Toujours est-il que le discours prononcé par le roi dom Pedro à l’ouverture du parlement est une première expression de l’état général du pays. Politiquement, le Portugal est aujourd’hui à l’abri des crises violentes : la présence sur le trône d’un roi jeune et animé d’un esprit libéral est une garantie de stabilité et d’ordre ; mais c’est surtout dans le domaine des choses matérielles que le progrès est le plus pressant et qu’il est le plus difficile à réaliser en Portugal. Le pays souffre particulièrement, depuis quelques années, de la disette, de la pénurie des récoltes. Il ne souffre pas moins de l’absence de voies de communication, et le roi, dans son discours, insiste sur la nécessité de prendre quelque résolution vigoureuse ; il annonce des propositions qui seront faites par le gouvernement pour la continuation du chemin de fer jusqu’à la frontière d’Espagne et pour la construction d’une ligne ferrée de Lisbonne à Porto. Malheureusement ces travaux ne s’accomplissent pas sans sacrifices, et les finances sont une autre plaie du Portugal. Ce fut là l’année dernière, si l’on s’en souvient, le grand champ de bataille des partis. Ces luttes se renouvelleront encore sans doute ; il est à souhaiter que l’activité des œuvres égale l’activité des discussions.

Dans quelles conditions l’ouverture du parlement trouve-t-elle le petit Pays qui tient aujourd’hui une si grande place en Italie, le Piémont ? Le discours du roi Victor-Emmanuel laisse voir l’esprit libéral qui anime le gouvernement, la fierté légitime qu’il ressent d’avoir pris part aux plus grandes affaires du monde, d’avoir pour la première fois offert le spectacle d’un état italien prenant dans un congrès la défense des intérêts de l’Italie. Au point de vue intérieur, il est bien évident que rien n’est changé dans la situation du Piémont, et que le gouvernement actuel jouit d’un ascendant complet. Il y a eu un moment où on eût dit qu’il y avait un travail d’opposition dirigé, non contre M. de Cavour principalement, mais contre certains membres du cabinet, tels que MM. Ratazzi, Lanza. Ces efforts tendaient à séparer le président du conseil de ses collègues pour amener le premier à former un ministère avec des élémens plus exclusivement conservateurs. Ce travail ne paraît point avoir eu une portée bien sérieuse. Les premières opérations des chambres ont été entièrement favorables au cabinet. L’ancien président de la chambre des députés, M. Boncompagni, a été nommé depuis la dernière session ministre à Florence. Il y avait donc à lui trouver un successeur à la présidence. Le candidat ministériel, M. Cadorna, a obtenu une majorité considérable. Dans les votes successifs qui ont eu lieu pour la nomination du président et du vice-président, les diverses fractions de la chambre ont pu montrer leurs forces, qui sont peu menaçantes. Le ministère reste donc en possession du pouvoir, et ce n’est pas le spectacle le moins curieux de voir dans un pays constitutionnel un homme rester pendant si longtemps à la