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un pont palissade, jeté sur la Sprée, qui couvrait tout le front de la position ; à droite, une suite de mamelons fortifiés et protégés par les marais de Malschwitz ; à gauche, des collines boisées, premières assises des montagnes de la Bohême et couvertes de redoutes. La seconde ligne, où l’ennemi ne devait se retirer qu’après que la première aurait été forcée, était située à 3,000 toises en arrière, et s’appuyait à gauche sur les crêtes des montagnes, à droite à la Sprée, et sur les mamelons de Klein-Bautzen et de Kreckwitz, que l’ennemi avait reliés ensemble par des ouvrages de campagne, et dont il avait fait un vaste camp retranché. Quelque redoutables que fussent ces lignes, elles présentaient pourtant un point faible : elles pouvaient être tournées sur la droite) derrière les marais de Malschwitz, près de Klix, et, en cas de revers, il ne resterait à l’ennemi qu’une seule ligne de retraite : c’était la grande-route de Silésie, qui côtoie la Bohême et qui passe par Wurtchen et Hochkirch. Les Russes, sous les ordres du comte de Wittgenstein, occupaient toute la gauche de ce vaste champ de bataille, et les Prussiens, commandés par Blücher, formaient l’aile droite. Au centre étaient les réserves et les gardes.

Notre ligne s’étendait parallèlement aux positions de l’ennemi : sur notre extrême droite, le duc de Beggio faisait face aux collines boisées où se trouvaient les Russes. Devant Bautzen était Macdonald se liant par sa droite à Oudinot et par sa gauche à Marmont, à la garde et aux escadrons de Latour-Maubourg, qui formaient notre centre sous le commandement direct du maréchal Soult. Plus loin, sur notre gauche, se déployaient les divisions de Bertrand.

Les deux armées avaient reçu de puissans renforts : les alliés, deux belles divisions de grenadiers russes, conduites par Barclay de Tolly, et le corps prussien du général Rleist ; les Français, une division de la jeune garde sous les ordres du général Barrois, et les quatre divisions de grosse cavalerie de Latour-Maubourg, présentant un effectif de 9,000 chevaux, indépendamment des 4,000 chevaux de la garde.

Le 18 mai, Napoléon écrivit au major-général : « Je désire qu’avec le général Lauriston (5e corps) et toutes ses forces réunies, le prince de la Moskowa se dirige sur Dressa. Ayant ainsi franchi la Sprée, il se trouvera avoir dépassé la position de l’ennemi, ce qui aura l’effet, ou que les alliés évacueront pour se retirer plus loin, ou de nous mettre à même de les attaquer avec avantage : je calcule que le 21 il pourra se porter sur Dressa[1]. » Dressa, où le maréchal Ney devait se trouver le 21, est situé sur la rive gauche de la Sprée, fort au-delà de Klix, derrière les mamelons qu’occupaient les Prussiens. Ainsi l’intention de l’empereur était de faire arriver, le 21 au matin,

  1. Lettre de l’empereur au major-général. (Dépôt de la guerre.)