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aucune des puissances alliées. De même vous donnerez votre parole que tout ce qui se dira dans cette entrevue sera sous la foi la plus inviolable. » Il était en outre enjoint au duc de Vicence de demander à M. de Metternich quelles seraient les mesures que les puissances continentales seraient disposées à prendre à l’égard de l’Angleterre, afin de l’obliger à reconnaître des principes plus favorables à la liberté des mers.

Les plénipotentiaires français adressèrent à M. de Metternich, en date du 6 août, une note qui reproduisait la dépêche officielle du duc de Bassano. M. d’Anstett et M. de Humboldt s’en montrèrent très offensés : ils étaient dans leur rôle ; mais M. de Metternich, qui n’avait aucune raison d’être blessé, se mit du parti des alliés, et, avec un dépit simulé, il déclara qu’une note aussi acerbe semblait n’avoir été rédigée que pour rendre impossible toute conciliation.

La négociation décisive était celle dont était chargé le duc de Vicence. Le 6, ce plénipotentiaire eut avec M. de Metternich un entretien très secret dans lequel il l’instruisit de l’ouverture toute de confiance et de conciliation que son souverain s’était décidé à lui faire. Cette communication parut embarrasser plus qu’elle ne satisfit M. de Metternich. Il dit que, si une telle démarche avait été faite dix jours plus tôt, l’Autriche aurait eu le temps de consulter la Russie et la Prusse, qu’aujourd’hui il était bien tard, qu’il ne restait plus que trois jours, qu’il irait cependant prendre les ordres de son souverain, mais que sa réponse, quelle qu’elle fût, serait subordonnée à la résolution prise en commun de ne point prolonger les négociations au-delà du 10 août, et que, dans le cas où l’on ne pourrait parvenir à s’entendre, il fallait compter que l’Autriche ne resterait pas neutre. Il ajouta que le médiateur se trouvait placé dans une situation très délicate, et qu’il eût été préférable que l’empereur Napoléon proposât lui-même les bases de pacification.

M. de Metternich se transporta immédiatement à Brandeïs, où était l’empereur d’Autriche, et l’instruisit de l’entretien qu’il venait d’avoir avec le duc de Vicence. Le premier mouvement de ce prince fut de refuser le rôle d’arbitre que l’empereur Napoléon l’invitait à prendre. Cependant la réflexion, peut-être les conseils de son premier ministre, le déterminèrent à lui remettre, sous la forme d’un ultimatum, les bases sur lesquelles la paix pourrait être rétablie. Ces bases, qui n’étaient que la reproduction de la disposition fondamentale du traité signé le 27 juin à Reichenbach, auraient pu être communiquées dans les vingt-quatre heures : elles ne le furent que quarante-huit heures après, c’est-à-dire le 8 août. À peine en effet l’empereur d’Autriche eut-il donné son ultimatum qu’il voulut le retirer, et rappela à cet effet à Brandeïs M. de Metternich. Ce fut ce