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ministre qui insista pour que l’ultimatum fût maintenu et remis au duc de Vicence. Il lui fit aussitôt cette communication. Il exprima sa surprise que la France eût, le même jour, présenté la note officielle qui blessait gratuitement l’Autriche en l’accusant de prendre le rôle d’arbitre, tandis que, par l’ouverture confidentielle, elle la pressait de se charger de ce rôle. Il tenait à la main un papier : c’était l’ultimatum ; il en donna lecture au duc de Vicence. Il était ainsi conçu :


« Dissolution du duché de Varsovie, qui serait partagé entre la Russie, l’Autriche et la Prusse. Dantzig serait réuni à la Prusse.

« Rétablissement de Hambourg et de Lubeck comme villes libres anséatiques, et arrangement éventuel, lié à la paix générale, relativement aux autres parties de la 32e division militaire.

« Renonciation au protectorat de la confédération du Rhin, afin que l’indépendance de tous les souverains actuels de l’Allemagne soit placée sous la garantie de toutes les grandes puissances.

« Reconstruction de la Prusse avec aine frontière tenable sur l’Elbe.

« Cession des provinces illyriennes à l’Autriche.

« Garantie réciproque par toutes les puissances de l’état de choses fixé par le traité de paix général. »


La lecture achevée, M. de Metternich déclara que cet ultimatum était basé sur la connaissance qu’avait l’empereur d’Autriche des conditions dont les souverains de Russie et de Prusse faisaient dépendre le rétablissement de la paix, et que son souverain attendrait, dans la journée du 10, une réponse catégorique, un oui ou un non.

L’ultimatum était suivi de quelques lignes écrites de la main du ministre d’Autriche sous la dictée de l’empereur François, et dont il donna également lecture au duc de Vicence : « Si l’ultimatum n’est pas accepté par l’empereur Napoléon, je suis résolu à déclarer dans la journée du 11 que le congrès est dissous, et que je joins mes forces à celles des alliés afin de conquérir une paix compatible avec les intérêts de toutes les puissances, et que je ferai dès-lors abstraction des conditions contenues dans l’ultimatum, dont le sort des armes décidera pour l’avenir. »

Le duc de Vicence demanda des explications sur la manière dont il serait procédé pour négocier et conclure la paix maritime. M. de Metternich répondit que cette paix n’était possible qu’à la condition d’écarter la question métaphysique du droit des neutres et du pavillon, qui n’existait que dans l’état de guerre. « L’on poserait nettement, dit-il, les conditions de la paix ; l’on traiterait d’après l’état de possession actuelle, et l’on déterminerait ce que chaque puissance devrait restituer. » Le duc de Vicence se plaignit de la dureté des conditions de l’ultimatum. M. de Metternich répliqua avec hauteur