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sur le fond, ou bien qu’elle n’aura pas convaincu ses alliés. Dans ce dernier cas, il sera évident que si vous aviez proposé vous-même ces conditions, vous n’auriez pas réussi davantage à les faire accepter. En résumé, tout dépend de l’Autriche. Il faut que tout passe par ses mains ; nous ne pouvons faire des propositions patentes à des gens qui viennent de rompre avec éclat la négociation sans avoir voulu seulement nous entendre.

« Dès que vous vous serez assuré qu’il ne reste aucune chance de s’arranger, vous partirez tout de suite ; sa majesté ne veut pas, monsieur le duc, que vous serviez à orner le triomphe de l’empereur Alexandre à Prague. Vous quitterez cette ville avant son arrivée.

« Du reste, sa majesté est décidée à ne point se prêter à une prolongation d’armistice, et elle est disposée à la guerre plus que l’Autriche. Elle souhaite que vous partiez bien du principe que nous ne sommes pas fâchés que cette puissance se soit mise en état de guerre avec nous. La secrète joie qu’éprouve sa majesté dans une situation digne de son génie n’a point échappé à la pénétration de M. de Bubna. Il sait que nous ayons pour nous l’avantage que donne la possession de toutes les pièces de l’échiquier. Il reconnaît avec toute l’Europe que nous avons pour nous toutes les puissances du génie. Sa majesté, qui se fie à la Providence, entrevoit les grands desseins qu’elle a fondés sur elle. Ses plans sont arrêtés. Elle ne voit partout autour d’elle que des motifs de confiance. »


Ainsi l’empereur Napoléon restituait toutes les provinces illyriennes, à l’exception de Trieste. Il maintenait le principe d’une indemnité en faveur du roi de Saxe, mais sans désigner les territoires qui devraient la constituer ; il entendait conserver Lubeck et Hambourg, mais rendait tous les autres territoires qui composaient la 32e division militaire. Il renonçait à la confédération du Rhin ; enfin il n’insistait plus sur la garantie de l’intégrité du royaume de Danemark. C’étaient là de très larges concessions. Tous les points essentiels, sauf Trieste et Hambourg, étaient accordés. Néanmoins les nouvelles instructions contenues dans la dépêche du 13 ne répondaient qu’imparfaitement aux prières adressées à son souverain par le duc de Vicence. Celui-ci se persuadait que la paix du monde dépendait de notre renonciation à la possession de Trieste et de Hambourg. Voici ce qu’il écrivait le 14 à minuit au duc de Bassano : « . Je vous avoue que j’espérais plus de latitude ; quand on veut une chose, il faut vouloir les moyens de la faire ; j’espère une autre dépêche cette nuit ; si je n’ai rien de plus pour aller chez M. de Metternich, j’espère peu : j’aurai tout le désagrément et ne serai cependant pas en faute. Je vous parle, monsieur le duc, comme si nous habitions la même ville. Que de larmes la journée de demain peut essuyer ou faire verser ! »

Exalté par l’espoir que rien n’était encore perdu, et qu’en accordant immédiatement tout ce qu’exigeait l’Autriche la paix était