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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 janvier 1857.

Telle est la marche des choses : les grandes affaires ont d’inévitables et périodiques intermittences. Elles se pressent tout à coup, elles créent une sorte de fiévreuse animation, puis elles s’effacent, elles se dispersent pour ainsi dire, et le monde rentre dans le repos après quelques jours passés à voir s’agiter les plus graves intérêts. La politique générale ne se concentre plus dans un congrès, dans une négociation ; elle est un peu partout, reprenant son allure indépendante, se dissimulant souvent sous une fête, se retrouvant toujours dans l’effort de tous les peuples, de tous les gouvernemens, pour arriver à des combinaisons qui s’élaborent lentement, qui sont loin d’être réalisées encore. Un fait visible et reconnu plus que jamais aujourd’hui, c’est l’influence qu’a eue la dernière guerre sur l’ensemble des relations européennes. Il y a toujours sans doute des rapports réguliers, empreints de bienveillance, arrivant peut-être parfois à l’intimité ; il n’y a plus d’alliances permanentes érigées en dogme et réglant les mouvemens des cabinets. On le disait il y a peu de jours en Autriche, tout est devenu possible dans l’ordre des relations internationales en Europe, et c’est ce qui fait qu’on hésite, on cherche à deviner, parmi tant de choses possibles, celles qui deviendront réelles. En attendant, il y a des rapprochemens accidentels, des antipathies mal déguisées, des intérêts qui se heurtent. Il en résulte une situation générale des plus compliquées, assez curieuse à observer en elle-même, et qui reparaît toutes les fois que l’Europe est jetée en présence de quelque incident nouveau : elle s’est montrée encore dans ces derniers débats diplomatiques dont le bruit expire en ce moment à peine. Il est évident, en effet, que dans les questions qui viennent de s’agiter, il y a ce qu’on peut appeler la part des causes générales réagissant sur la politique des divers cabinets, et l’intérêt local, restreint, propre aux affaires mêmes qui étaient en jeu.

Tout l’art de la diplomatie consiste à dépouiller de telles questions de ce