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grand inconvénient de blesser le dos du cheval. Des ordonnances prescrivent aux commandans de laisser aux soldats le soin de fournir leurs équipemens et leurs armes ; mais ce règlement n’est pas suivi, et dans l’intérêt de l’uniformité de la tenue et du bon marché des fournitures, le commandant, à la demande des hommes, passe directement des contrats avec les fabricans de Londres ou de Calcutta.

Les irréguliers coupables de crimes sont soumis à la juridiction des cours martiales ordinaires ; mais en cas de mauvaise conduite, d’infraction à la discipline, le délinquant est traduit devant un conseil qui s’assemble immédiatement sur le lieu du délit, et se compose de 5 officiers natifs. Ce conseil ne peut au reste infliger une punition plus sévère que le renvoi du corps. Le tarif des pensions de retraite pour les irréguliers est à peu près le même que celui de l’armée régulière.

L’année de la compagnie se complète par un corps qui a joué le rôle le plus important dans toutes les guerres de l’Inde, celui de l’artillerie. La première force d’artillerie qui fut organisée dans le Bengale fut formée en 1749 de marins tirés de l’escadre de l’amiral Boscawen ; mais ce corps ne prit d’abord que peu d’extension, car les hommes d’état qui dirigèrent aux premiers jours les affaires de la compagnie se montrèrent surtout préoccupés de l’idée d’empêcher les princes natifs d’introduire dans leurs armées les perfectionnemens de l’artillerie moderne. À cet effet, on se refusa pendant longtemps à admettre les indigènes dans les rangs de l’artillerie de la compagnie, dans la crainte que des déserteurs n’allassent porter aux souverains voisins les secrets de cette arme redoutable. Les précautions étaient poussées si loin, que les règlemens primitifs défendaient à un catholique ou à un homme marié à une femme catholique de faire partie de l’artillerie indienne. Cette susceptibilité était exagérée à tous égards, et les leçons de l’expérience ont démontré que si les finances dilapidées des états natifs ne pouvaient supporter les lourdes dépenses qu’entraîne un corps d’artillerie bien organisé, une artillerie inférieure qui gêne les mouvemens des armées, et donne une fausse confiance à des généraux inexpérimentés, est plus nuisible à ceux qui s’en servent qu’à leurs ennemis.

L’artillerie de l’armée du Bengale se compose de trois brigades d’artillerie à cheval et de neuf bataillons d’artillerie à pied. L’équipement et l’armement des hommes sont à peu près les mêmes que dans l’armée de la reine. La première et la troisième brigade d’artillerie à cheval[1] sont formées de trois batteries européennes et

  1. Les cadres d’une batterie à cheval sont les suivans : 1 sergent-major, 6 sergens, 6 caporaux, 6 bombardiers (premiers canonnière), 2 rough-riders, 2 maréchaux ferrans, 2 trompettes, 2 élèves trompettes, 80 canonniers et un détachement de 28 lascars.