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deviné un soldat à voir un homme portant un spencer et des guêtres de peau de mouton, avec des sabots aux pieds. Du reste, cet accoutrement, qui n’était qu’un expédient temporaire, a été promptement abandonné.

Les bas de laine, excellens quand ils sont bien secs et bien propres, restaient souvent humides quand les soldats étaient privés de feu au bivouac, et beaucoup d’hommes ont eu les pieds congelés pour s’être endormis avec des bas de laine et des souliers mouillés. Les chaussons de laine contenus dans les sabots restaient toujours secs, et les sabots étaient souvent nécessaires, même dans les fortes gelées, quand les souliers, longtemps humides, avaient été tellement durcis par le froid qu’ils ne pouvaient être remis avant que le dégel les eût attendris. Le soulier ordinaire, couvert de la guêtre de cuir, était insuffisant en des contrées sans routes et profondément détrempées. Les Anglais, après les tristes expériences de l’hiver de 1855, ont donné à leurs troupes de grandes et fortes bottes de cuir jaune, souple, imperméable, montant au-dessus du genou, de vraies bottes de chasseur au marais. C’était un luxe exagéré ; des demi-bottes eussent même été préférables pour la marche.

Les Russes, qui connaissaient le pays, avaient adopté la demi-botte. La solidité et l’imperméabilité du cuir de Russie permettaient à nos ennemis de passer dans les bois taillis sans se déchirer et dans l’eau sans se mouiller. La tige de la demi-botte était assez large pour qu’on pût y enfermer le pantalon. Cette chaussure devrait être donnée à nos soldats. Le fourniment actuel comporte deux paires de souliers : l’une pourrait servir en été avec des guêtres de toile blanche ; l’autre serait remplacée par une demi-botte qui serait portée en hiver. Quand on a vu l’empressement que mettaient nos soldats à dépouiller de leurs demi-bottes les cadavres des Russes, on peut assurer que cette réforme serait de leur goût ; ils se laissaient guider par un instinct qui ne les trompait pas.

En temps de paix, le sac contient les objets de toilette et quatre cartouches sans balles ; le poids total est de 7 kilog. 550 grammes. Si l’on ajoute la couverture, la tente-abri, la petite gamelle, le petit bidon, la serpe, la veste, la cartouchière, le sabre, le fusil et la baïonnette, le pain pour deux jours, on trouve un poids de 24 kilog. 260 grammes. En campagne, ce poids, déjà considérable, s’élève encore, et va parfois jusqu’à 30 kilog. au moment du départ. Dans les guerres d’Afrique, le soldat emporte six paquets de cartouches et des vivres pour huit jours. En outre le grand bidon, la grande gamelle et la marmite doivent être répartis sur le dos des huit hommes d’escouade.

On ne contestera pas l’opportunité des études de détail auxquelles