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pas aux origines de faits si étranges, entachées de scandale. Un certain nombre de pasteurs et de fidèles jugèrent avec une sévérité injuste ce qu’ils appelaient le mal de prédication. Ils refusèrent de reconnaître dans ce mouvement un caractère évangélique, et déterminèrent ainsi ceux qui s’y rattachaient à s’isoler fanatiquement à leur tour. Une sévère restauration du symbole fut un moment la seule conséquence de cette agitation. Effrayés des dissensions dont la lecture de la Bible semblait devenir la source, les pasteurs firent mettre entre les mains des chrétiens des ouvrages d’une sévère orthodoxie ; mais leurs efforts ne devaient en définitive qu’imprimer une nouvelle impulsion au mouvement qui se produisait malgré eux. C’est depuis ce moment en effet qu’on peut suivre trois directions principales de l’essor religieux en Suède, embrassant désormais la généralité du pays : nous voulons parler du mouvement méthodiste, du mouvement séparatiste et du mouvement baptiste.

C’est en 1831, dans la capitale du royaume, que commença le véritable mouvement méthodiste ou wesleyen en Suède. Le réveil, qui jusqu’alors semblait n’être qu’un fait accidentel, prit sur quelques points une couleur très méthodiste. M. le pasteur Scott venait d’arriver de Londres pour faire le service de la chapelle anglaise à Stockholm. Méthodiste ardent, il apprit la langue suédoise, et dès lors, ayant pu réunir un auditoire nombreux, il imprima une forte impulsion au mouvement religieux dans la capitale. En 1840, il dut faire un voyage en Amérique, et inséra dans un journal de New-York un jugement sévère sur l’état de l’église suédoise. Lors de son retour à Stockholm, une feuille locale réimprima ce travail, qui réveilla tous les ressentimens qu’avaient déjà suscités les premiers efforts et les premiers succès du pasteur anglais. M. Scott fut bientôt menacé dans sa chaire ; forcé de se retirer devant une énergique manifestation populaire, il dut quitter le pays ; l’exercice du culte religieux en langue anglaise resta suspendu à Stockholm.

Le mouvement séparatiste fut accueilli par des persécutions plus violentes encore. Un paysan nommé Eric Janson s’était transporté de la province d’Upland dans celle d’Helsingland ; il se proposait d’engager les chrétiens à mettre de côté les livres orthodoxes pour lire simplement l’Évangile. Eric fit bientôt la connaissance des deux frères Oison, paysans qui, depuis dix-huit ans, présidaient des réunions religieuses dans le pays, et que les sociétés de tempérance de la province avaient employés à leur service. Le paysan d’Upland possédait un remarquable talent de parole et avait une grande audace de caractère ; ses ardentes prédications finirent par provoquer de cruelles représailles. En 1844, un certain nombre de paysans de la province d’Helsingland prirent la résolution de se rendre à Stockholm