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une enveloppe solide et une masse centrale fluide doit être fort lente, et probablement cette égale répartition de mouvement qui ferait que le globe tournerait tout d’une pièce comme un corps solide ne s’est point encore opérée depuis la grande catastrophe dernière qui a établi les continens de l’ancien et du nouveau inonde, et les bassins de l’Océan-Atlantique, de l’Océan-Pacifique, ainsi que ceux de la Mer des Indes et des deux mers polaires. Cela est indiqué de bien des manières, et notamment par l’espèce de pivotement que les géologues admettent le long des côtes de la mer, à la hauteur du nord de la France, toutes les côtes paraissant baisser d’un côté et se relever de l’autre. En un mot, la forme de la terre, brusquement changée au moment de cette grande catastrophe, semble arriver lentement à un état définitif, qui durera ensuite des millions de siècles à cause de la lente déperdition de chaleur centrale qui assure au noyau fluide une grande constance dans son volume et dans ses dimensions. Quoi qu’il en soit de cet état futur de notre terre en partie solide et en partie fluide, tout tend à faire tourner l’enveloppe solide plus rapidement que le noyau central, et par suite à produire de l’un sur l’autre un frottement qui se traduit en production intense d’électricité. La surface solide et froide prenant l’électricité dite positive, qui est l’état électrique que prend le verre frotté sur une étoffe, et la masse centrale prenant l’état électrique analogue à celui que prend la cire à cacheter ou le succin frotté sur une étoffe, et que l’on appelle électricité négative, que vont devenir ces électricités produites, et comment feront-elles par leur transport un courant électrique ?

L’expérience nous apprend qu’un transport d’électricité positive dans un sens fait précisément le même effet qu’un transport d’électricité négative en sens contraire. Ainsi une machine électrique formée d’un globe de verre, et dont l’électricité s’écoule vers la droite, donne exactement le même effet qu’une machine formée d’un globe de soufre dont l’électricité irait de la droite vers la gauche. Cela est si vrai, que si l’on produit à la fois les deux écoulemens électriques, les deux courans de nature différente se neutralisent complètement. L’expérience a été faite par Franklin en Amérique, On peut donc se borner à indiquer.le sens de transport de l’une des électricités, et l’on s’est décidé à indiquer, on ne sait pourquoi, le sens de transport de l’électricité que prend le verre, et qui s’appelle l’électricité positive. Remarquons que rien ne légitime le choix du nom d’électricité positive pour celle du verre plutôt que pour l’électricité que prend la cire à cacheter ou le succin. D’après certaines idées théoriques, Ampère, que, dans cette partie de la science, on ne peut trop louer et trop admirer, était d’avis que les honneurs auraient dû être faits à l’électricité du succin et non à celle du verre. Tous nos lecteurs,