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consulté deviennent une véritable iniquité quand l’homme consulté veut s’en réserver la propriété, et en bonne justice on ne doit jamais admettre de pareilles prétentions, et encore moins les réclamations qui pourraient en être la suite. Je ne me souviens pas de la vitesse que Savary avait l’intention de donner à son appareil.

Si nous admettons que le globe soit un grand appareil de ce genre, nous pouvons déterminer dans quel sens marchent les courans du globe. Les continens, nous l’avons dit, doivent tourner un peu plus vite que le noyau central, tout en prenant de l’électricité positive. Or la terre tourne vers l’est, puisque c’est de ce côté que nous voyons l’horizon, en s’abaissant, faire naître la vue des objets célestes placés dans cette région du ciel ; ces courans suivront donc cette direction par le transport vers l’est de l’électricité positive. C’est aussi ce qu’indique très bien l’aiguille aimantée, qui est dirigée précisément comme elle le serait par un courant ordinaire de la pile de Volta dirigé de l’ouest à l’est.

Comme nous attribuons le magnétisme de la terre à son état électrique et à ses courans voltaïques, on ne trouvera pas mauvais que j’insiste sur cet objet, auquel cette étude est principalement consacrée. Je dirai donc que, si, par la réaction d’une enveloppe froide sur un noyau bien plus chaud et par un frottement résultant d’une différence de vitesse rotatoire, les continens prennent à la masse centrale de l’électricité positive, cet effet doit être plus prononcé dans les régions équatoriales. Dans les régions polaires, qui comparativement sont en repos, les deux électricités, savoir celle de l’air et celle de la terre intérieure, doivent s’accumuler et se rejoindre en produisant les jets de lumière qui constituent les auréoles boréales et australes. Admettons sous toutes réserves cette vue théorique. Il devra en résulter des courans électriques, et ceux-ci devront agir sur l’aiguille aimantée et lui faire subir des agitations qui trahiront l’existence de l’aurore polaire, même pour un observateur situé sous les voûtes massives de l’Observatoire de Paris, bâti par Perrault bien plus en architecte qu’en astronome praticien. Ce qui est bien plus étrange, c’est que l’influence d’une aurore boréale de Scandinavie se fasse sentir à Paris fort au-delà de l’horizon où le météore électrique peut être aperçu. M. Arago avait installé à l’Observatoire de Paris une grande boussole de Gambey, et il avait donné pendant plusieurs années une attention soutenue à toutes les perturbations de ce délicat instrument. C’est à lui qu’on doit la date de 1816 pour l’époque où l’aiguille aimantée avait atteint sa plus grande déviation vers l’ouest, depuis l’année 1666, où elle pointait juste au nord. Il avait de même noté les époques des perturbations de l’aiguille aimantée, et à l’occasion il les confrontait avec l’époque des aurores