Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/855

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivre depuis son origine jusqu’à nos jours la dette publique de la Péninsule dans ses accroissemens successifs, dans ses réductions forcées et ses transformations multiples, sans omettre quelques-uns des élémens qui la composent. Établie par des pouvoirs hostiles et des gouvernemens contraires, reconnue par les uns, niée par les autres, la dette espagnole se présente aux yeux de l’étranger comme un de ces passifs que l’examen d’un vérificateur intéressé peut étendre indéfiniment. Malgré des mesures successives qui ont toutes prétendu produire le résultat si désiré d’une régularisation définitive, il n’est pas jusqu’aux nomenclatures bizarres des obligations dont est composé le tableau de la dette espagnole qui ne découragent et ne rebutent celui qui voudrait en analyser les diverses parties. Sans avoir la prétention d’en offrir une étude complète, il est permis d’en donner un aperçu à peu près exact. Je commence donc par emprunter à la cote des valeurs leurs dénominations, et j’essaierai ensuite de revenir à l’état actuel de la dette, après avoir passé par les transformations nombreuses qu’elle a subies.

En ouvrant un journal espagnol, on lit à l’article Bourse les titres suivans : « 3 pour 100 consolidé, — 3 pour 100 différé ; — dette amortissable, première classe ; — amortissable, deuxième classe ; — matériel préféré et non préféré avec intérêts, — matériel sans intérêts, — dette du personnel. » Deux emprunts récens sont également inscrits sur la cote des valeurs : le premier, désigné par le chiffre pour lequel il a été émis, 230 millions de réaux ; le second, portant le nom du ministre qui l’a proposé, M. Domenech. Enfin on voit classées, sous le nom d’emprunts de fomento, plusieurs émissions de titres destinés à l’établissement des routes, des canaux, des chemins de fer, et représentés par des actions de 250, 500 et 1,000 fr., avec intérêt de 6 pour 100.

Quelques explications sont nécessaires pour faire comprendre le sens de ces dénominations. Le 3 pour 100 consolidé signifie la rente portant un intérêt assuré et définitif de 3 pour 100 ; par 3 pour 100 différé, on entend la rente qui ne produit pas encore l’intérêt entier de 3 pour 100, et qui n’en jouira que dans un certain délai. La première rente vaut aujourd’hui à peu près 40 pour 100 de sa valeur nominale, la seconde 25, et rapporte seulement 1 1/4 pour 100. La dette amortissable de première, et de deuxième classe ne rapporte aucun intérêt, mais elle est appelée à disparaître bientôt par suite d’un amortissement successif assez élevé. Il va sans dire que la dette amortissable de première classe est composée d’obligations dont l’origine et la nature ont paru mériter la faveur d’un amortissement plus rapide que celui dont jouit la deuxième classe. De là une différence dans le prix de ces deux catégories de dette amortissable : la première se