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fonctionner, s’il continuait à opérer régulièrement. La dette amortissable intérieure et extérieure n’étant plus en effet au 1er janvier 1856 que de 1390 millions, au taux moyen de 9 pour 100 sur les prix actuels de 12 et de 6 pour 100, il suffirait, pour l’éteindre, d’une somme de 158 millions effectifs que l’on obtiendrait aisément avec cette annuité de 18 millions. Quant à la dette différée, dont l’intérêt de 3 pour 100 ne sera complet qu’en 1859, elle exigera une allocation au budget de 156 millions de réaux, au lieu des 64 qui lui sont consacrés aujourd’hui. Pour les billets du matériel avec et sans intérêts, évalués à 58 millions dans le tableau de la dette publique, le haut cours auquel ils se négocient (34 et 44 pour 100) est la justification des sommes proportionnellement considérables affectées à l’amortissement de cette dette, qu’il est permis de considérer dès à présent comme sans importance. Il n’en est pas de même malheureusement de la dette consolidée, dont le chiffre s’accroît de toutes les charges nouvelles que les emprunts, le déficit de chaque exercice, les anticipations de tout genre et le service de la dette flottante font peser sur le budget. En 1851, les arrérages du 3 pour 100 se montaient à 87 millions ; en 1856, ils s’élèvent à 103 millions, en 1857 à 110, Cet accroissement de plus de 20 pour 100 est le résultat des derniers événemens qui ont agité l’Espagne. Les lecteurs de la Revue n’ont pas oublié les troubles intérieurs qui, après trois changemens de ministère, ont amené la révolution de 1854[1] ; ils en ont pu apprécier les motifs, quelques chiffres en montreront les conséquences.

L’année 1853 avait vu sous M. Llorente une première et modeste émission de 30 millions de réaux, et sous M. Domenech une large création de 800 millions de titres destinés à consolider la dette flottante. L’année suivante, le cabinet Sartorius fit décréter un emprunt forcé sous forme d’anticipation sur les contributions publiques, et émit des bons remboursables par huitième dans un délai de quatre ans, à 6 pour 100 d’intérêt. À peine le mouvement politique soulevé par ces procédés administratifs, a-t-il obtenu victoire, que le ministre des finances se voit forcé d’émettre un capital nominal de 120 millions en rentes 3 pour 100 pour obtenir 40 millions effectifs. Quinze jours plus tard, le gouvernement se fait autoriser par les cortès à négocier 2 milliards de titres pour se procurer 500 millions de réaux. Cette nouvelle ressource reste improductive, et 230 millions de bons du trésor sont émis sous la forme d’un emprunt volontaire, qui devient, au bout de trente jours, obligatoire. Un an s’était passé à peine depuis la révolution de juillet, qu’avait fait éclater l’emprunt forcé imposé par le comte de San-Luis ; cependant on doit

  1. Voyez sur l’Espagne et la révolution de 1854 la livraison du 15 juin 1855.